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23 février 2012 4 23 /02 /février /2012 15:57

 

 

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Faudrait-il ou non que les 42 députés-élus de l’UDPS siègent à l’Assemblée Nationale ? Vouloir répondre à la question c’est aller au cœur-même de la notion de la politique telle qu’elle est conçue en RDC depuis l’indépendance jusqu'à ce jour. De deux écoles en présence, l’une réduit cette profession à l‘obtention d’un strapontin en vue, tandis que pour l’autre, ce sont des principes qui devraient guider l’action politique.


"Le pouvoir d’abord". Les intervenants à l’émission "Dialogue entre Congolais" de Radio Okapi représentent un échantillon de l’opinion nationale sur le débat en cours. Le Professeur Bob Kabamba  de l’Université de Liège, se référant au ROI du Parlement, rappelle qu’une épée de Damoclès est suspendue sur la tête des indécis : "s’absenter au quart de sessions parlementaires c’est courir le risque de se faire invalider et perdre son mandat de député". Son collègue Ngoma Binda de l’UNIKIN soutient que "notre pays a besoin d’une opposition forte au Parlement et la seule option tenable est d’y aller". Il en est même qui mettent en avant les considérations matérielles : "Puisque ces gens ont effectué des dépenses durant la campagne électorale, quoi de plus normal qu’ils veuillent rentrer dans leurs frais ?" s’interroge un analyste politique. Un autre universitaire propose : "Etant donné que la mobilisation de la rue semble être en panne, il est utile de porter le débat politique au Parlement-même".


On l’aura constaté, ni ces Professeurs, ni ces analystes politiques ne rappellent les convictions politiques de la formation politique à laquelle appartiennent les députés en question. Aucun d’eux ne voit une contradiction entre la position de l’UDPS (qui a décrété les législatives "nulles") et leur proposition. Tous au contraire font aveuglement écho à l’idée en vogue : "la politique de la chaise vide ne paie pas".


Tout bien considéré, les députés-élus de l’UDPS ont-ils réellement besoin que quelqu’un d’autre leur rappelle la position à adopter ? Sont-ils sincères lorsqu’ils attendent "que M. Tshisekedi lui-même tranche" ? Difficile de les croire. Comment un parti politique ayant qualifié les élections législatives de "frauduleuses" peut-il envoyer des représentants siéger au sein d’une institution issue de ces mêmes élections et être pris au sérieux ?  


Sous d’autres cieux, cela choquerait l’opinion, convictions et ligne politique du parti obligent. Mais en RDC, l’idéologie politique se résume à exercer une fonction en vue, pourvu qu’elle confère des avantages matériels. Dans notre pays, c’est une règle que de taire ses convictions (si on en a) pour accéder à la mangeoire. C’est la gestion du court terme – plutôt du ventre – qui l’emporte sur le long terme.


Les principes ? Adieu veaux vaches ! Du coup, il devient facile de comprendre pourquoi le parcours de la plupart de nos politiciens ressemble à s’y méprendre à celui du ministre Lambert Mende. En 1990-1991 : MLC/O (proche de Mobutu et opposé à Tshisekedi) ; en 1992-1993 : Union Sacrée (proche de Tshisekedi et opposé à Mobutu ; en 1997 : Mouvance Présidentielle (Ministre de Transport de Mobutu et opposé à Tshisekedi) ; fin 1997 : organise une marche de soutien en faveur de Kabila père ; en 2001-2004 : MLC (proche de JP Bemba et opposé à Kabila fils) ; en 2007-2012 : MP (proche de Kabila fils et opposé à Tshisekedi) !


Existe-t-il une autre explication pour justifier pareille carrière politique bâtie sur des reniements constants à part l’opportunisme ? Hélas, entre les convictions qui devraient guider l’action politique et l’opportunisme, les professeurs, analystes politiques, journalistes et la majorité de nos compatriotes ont tranché : adieu veaux vaches les principes ! Dès lors, les rares qui y tiennent ne sont que des vulgaires "radicaux" à leurs yeux. N’est-ce pas là un symptôme d’une crise morale majeure ?

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10 février 2012 5 10 /02 /février /2012 12:47

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La décision du "premier parti de l’opposition" congolaise, UDPS, de ne pas siéger au Parlement  n’a pas surpris. Le contentieux né des dernières élections présidentielles et parlementaires largement entachées par des allégations de "fraudes massives" et d’ "irrégularités" tant aux yeux de l’opposition qu’à ceux des nombreux observateurs internationaux est encore intact. A voir ce qui se passe, ce n’est pas de sitôt que l’on envisagerait un quelconque règlement par voie politique, le PPRD, le parti présidentiel ayant statué que "le temps des conciliabules est terminé". La voie judiciaire n’est pas non plus à l’ordre du jour car, pour l’UDPS, la Cour Suprême de Justice est "une institution privée de M. Kabila". Les positions s’étant ainsi radicalisées, il y a lieu de se demander si la politique de la chaise vide sera payante ou plutôt suicidaire. 

 

Siéger au Parlement, pas garantie de survie politique. Si aux dires de nombreux commentateurs l’absence du Parlement pourrait  précipiter une descente aux enfers d’une formation politique, les faits démentent pourtant ces affirmations. Face à une Majorité Présidentielle "très majoritaire" (elle dispose de la majorité absolue), il ne restera plus à l’opposition qu’à faire de la figuration, incapable qu’elle sera de faire voter une loi ni d’opposer son veto non plus. Il s’ensuivra de frustrations pour les électeurs qui auront tôt fait de les sanctionner lors des échéances électorales suivantes. Le MLC en sait peut-être quelque chose, lui dont le nombre de députés est désormais réduit à sa portion congrue aujourd’hui. L’UDPS a-t-elle eu peur d’y laisser ses plumes ?

 

En plus, dans un environnement politique délétère et pourri, rempli d’accusations de "tricherie" suivi des négations et où l’opposition accuse la CENI d’avoir "nommé" des députés, on peut se demander quel crédit les populations accorderont-elles à cette législature. L’élite politique étant considérée comme "corrompue", une crise de confiance à l’égard de la classe dirigeante a vu le jour. En faisant le choix d’être à l’écart, l’UDPS a probablement choisi d’éviter d'etre victime de l’amalgame.

 

La logique de la contestation. En toute logique, on ne peut d’une part contester la régularité des élections et d’autre part siéger aux institutions émanant des "élections irrégulières". Pour le parti de Limete, les autorités actuelles le sont "de facto" et la présence de cette formation politique au Parlement reviendrait à "cautionner les irrégularités" ayant entachées les dernières élections. Les amis de Tshisekedi restent donc dans leur logique.

 

Vu le poids politique de l’UDPS, la politique de la chaise vide apparait aussi comme un moyen de pression afin d’amener le gouvernement a la table des négociations. Mais J. Kabila n’ayant pas la victoire modeste, reste à voir s’il sera attentif aux griefs formulés par les opposants.

 

L’UDPS saura-t-elle tempérer l’impatience de ses députés.  Si la position officielle est favorable au boycott, on ne sait pas encore ce qu’en pensent les élus eux-mêmes. Y aura-t-il fissure dans les rangs ou resteront-ils soudés ? Il est sur de s’attendre à un débat interne car les déçus de la politique de la chaise vide prônée en d’autres occasions ne sont pas peu. L’histoire de ce parti démontre aussi que ceux d’entre ses cadres qui deviennent "vagabonds politiques" finissent par se suicider politiquement (Lihau, Kibassa, Birindwa, Justine Kasavubu, Kapita,etc.). Feront-ils quand meme des émules ? Qui vivra verra.

 

Il y a lieu d’ajouter que le parti de Limete vivra d’ici quelques années une transition, l’âge du capitaine oblige. Dans quelques années, E. Tshisekedi devra passer le témoin à ses successeurs. Pour ce faire, certains objecteraient que la présence des députés UDPS au Parlement lui permettrait de renouveler l’élite politique en vue des échéances et combats à venir. Aussi, il est possible que le boycott crée des frustrations internes. Quoiqu'il en soit, une chose est  sure : présente ou non au Parlement, l’UDPS ne sera pas aphone car sa visibilite en depend.

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16 décembre 2011 5 16 /12 /décembre /2011 13:48

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1.      "Love is a special word, and I use it only when I mean it. You say the word too much and it becomes cheap". Ray Charles (1930-2004), American singer, songwriter and musician.


2.      "Je suis diplômé de la grande université de la Parole, enseigné à l’ombre des baobabs". Amadou Hampate Ba (1900-1991, ethnologiste et ecrivain malien.


3.      "I have lived in a world of injustice. Perhaps the only responsibility I have is to try my best that I don’t get involved in what one would call injustice, because I have lived it. I know what it means". Paul Kagame in Frontline, 1/4/2004.


4.      "I can not recognize either the Palestinian state or the Israeli state. The Palestinians are idiots and the Israelis are idiots". Muammar al Kaddafi (1942-2011), Libyan leader.


5.      "Il faut dénoncer l’amalgame trompeur que recouvre l’appellation "immigré" et distinguer les étrangers d’origine européenne faciles à intégrer et ceux issus du Tiers-Monde difficilement assimilables en raison à la fois de leur importance numérique et de leur spécificité culturo-religieuse qui les incite à refuser l’assimilation, sous la poussée des éléments intégristes ou à l’invitation de leur ancien pays d’origine". Jean-Marie Le Pen, homme politique de l’extrême-droite Française, Pour la France, Ed. Albatros, 1986.


6.      "It may be necessary to use methods other than constitution ones". Robert Mugabe, Zimbabwean president.

7.      "Sometimes you struggle so hard to feed your family one way; you forget to feed them the other way, with spiritual nourishment. Everybody needs that". James Brown (1928-2003), American singer.


8.      "America just works better when more people have a chance to live their dreams". Bill Clinton, former US president, 26/7/2004.


9.      "A dream you dream alone is just a dream. A dream you dream together is reality". John Lennon (1940-1980), English singer, songwriter and political activist.


10.   "Zuma was taught by people on the ground. He is the most educated president. Economics is simple – put bread on table". Julius Malema, ANC/NYL president on Jacob Zuma.


11.  "The two big advantages I had at birth were to be born wise and to have been born in poverty". Stevie Wonder (1950), American singer, songwriter and musician.


12.  "My whole life, my whole soul, my whole spirit is to blow that horn". Louis Armstrong (1901-1971), American trumpeter.

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26 novembre 2011 6 26 /11 /novembre /2011 13:53

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Le soleil surgit peu à peu de sa torpeur en cet après-midi de février 2011. La pluie est tombée à torrent toute la matinée, charriant dans sa course herbes, boue et immondices, lesquelles bientôt sont allées rejoindre la lave  s’amoncelant sur le pavé et qui date de la dernière éruption volcanique du Nyiragongo à Goma en 2002. Depuis cette année, que l’on aille à l’aéroport local ou à travers la ville, l’on ne manquera pas de voir les empreintes laissées par le volcan. Les Voiries urbaines semblent introuvables ici,  pointées aux abonnés absents.

 

 

La fin de la journée s’annonce déjà mais c’est alors que la vie commence de plus belle. Les taxis-motos et les vieux bus cabossés reprennent leurs navettes, certains éclaboussant à leur passage des passants pressés de faire tardivement leurs courses quotidiennes, la pluie matinale oblige. Mais à peine apparu derrière d’immenses nuages sombres, le soleil rouge se couche déjà derrière le Lac Kivu, qui est à présent teint de couleur rouge sang, à l'image de l’histoire de la ville : écrite avec du sang.

A quelques centaines de mètres de là, au Quartier Bikoro, dans la cour d’une maison bâtie sur une colline avec une vue imprenable sur le lac, José K, 21 ans, muni d’un râteau, nettoie la pelouse de la demeure parentale couverte de feuilles, sachets et papiers y déposés par le vent et la pluie. Ses deux jeunes sœurs âgées respectivement de dix et treize ans jouent au saute-mouton dans la cour, Les rires innocents des jeunes filles se répandent en écho du sommet de la colline, apportant une note de gaieté à une famille attristée par un drame récent.

C’est sous une pluie battante qu’elles ont accompagnées leur mère au culte dominical le matin, laissant leur frère ainé derrière. Malgré l’insistance de leur mère, il n’a pas voulu céder et être de la partie. "Celui-là ? il est fâché avec Dieu !" a-t-elle fini par dire, vaincue par l’intransigeance de son fils. José a plutôt fait le choix consacrer sa matinée à la lecture de "David Copperfield", la nouvelle de Charles Dickens.. Sa mère, dentiste, ne va pas tarder comme chaque dimanche. Mais le jeune homme semble avoir d’autres préoccupations que de l’attendre.

Il se dirige à présent au lac situé à cinq minutes de marche. C’est devenu un rituel, comme à chaque fois qu’il rend visite à sa famille, de retour de Makerere University, à Kampala, où il étudie le journalisme. Ce n’est pas uniquement la beauté du soleil couchant qui l’y attire. C’est sur ce lac que trois ans plus tôt son père a été fauché par une  "balle perdue" lorsque deux milices rivales se livraient une bataille rangée, chacune postée sur une rive du lac Kivu.

Médecin de profession, il se rendait au chevet d’un malade, appelé par une famille située dans un village longeant le lac, à environ une dizaine de minutes. Il avait refusé tout appel à la raison l’interdisant de se rendre dans un endroit si dangereux, répondant invariablement qu’il se reprocherait toute sa vie d’avoir laissé mourir son patient. Pour toute mesure de prudence, il avait fait poser un drapeau blanc sur la pirogue motorisée où il avait pris place.

A la suite de sa mort, il n y a jamais eu d’enquête, encore moins d’inculpation. Il n’a fait que s’ajouter aux  victimes anonymes, qui se comptent par milliers, ces "dommages collatéraux" d’une guerre sans merci que se livrent des politiciens-maffieux congolais par gangs interposés, déguisés en milices qui abondent dans la région des Grands Lacs, riche en minerais. Depuis la chute de Mobutu en 1997, cette partie est devenue le ventre mou du pays avec des conflits en répétitions, toutes les tentatives de leur résolution se révélant  infructueuses les unes que les autres.

 

http://www.lakescientist.com/wp-content/uploads/2010/08/Lake_Kivu1.jpg
Assis maintenant sur un banc de sable, les pieds nus trempés dans l’eau, il a les yeux rivés sur l’horizon lointain, et ne remarque pas les intrépides piroguiers qui jettent leurs filets, ni ces nageurs téméraires qui bravent le courant.  Concentré, il est en pleine méditation: il réfléchit sur la fragilité de la vie, sur la mort, sur l’avenir de sa famille, à commencer par le sien propre, comment il peut combler le vide laissé par son père, et se demande pourquoi Dieu, pourtant si bon, a permis pareil drame dans lequel le médecin et son patient ont péri, quoique pour de raison diverse. Le premier pour défaut de soin approprié, le second, à cause de la furie des hommes.

Personne ne lui a depuis fourni de réponse rassurante, surtout pas le prêtre de la paroisse locale qui lui dit que "Dieu a appelé son père au ciel", alors que sa famille en avait encore tant besoin sur terre. S’il espérait le réconforter en parlant du "ciel", c’est raté. C’est peut-être là qu’il faut trouver la raison de son apparent désintérêt de la religion. "Si Dieu était réellement  bon, il ne l’aurait pas permis", ne cesse-t-il de se lamenter.

Aujourd’hui environ une heure de "pèlerinage" a suffi, les intempéries de la journée y sont pour quelque chose. Sac à dos et écouteurs Ipod enfoncés dans les oreilles, vêtu d’une vareuse du FC Barcelone, il marche d’un pas décidé pour rejoindre son domicile. Ce soir, son équipe favorite livre une rencontre et pour rien au monde il ne tient à rater la retransmission télévisée sur "Supersports", la chaine sud-africaine. Préoccupé par ce match, il ne remarque pas l’homme qui l’interpelle.

"Bonjour chef !" "Bonjour chef !" Après deux tentatives sans succès, l’homme s’approche de lui et lui fait une tape dans le dos, ce qui a pour effet de faire sursauter le jeune. Il stoppa sa marche, se retourna, enleva ensuite ses écouteurs, et le toisa. Il s’attendait à voir un visage familier. Mais celui-ci était un inconnu habillé en tenue de camouflage militaire, une kalachnikov à la main et portait des pantoufles dont il avait retroussé les bords et marchait dessus. Ne l’ayant pas reconnu, il dit sur un ton qui ne cachait pas sa colère et son impatience:

"Que se passe-t-il ? Que voulez-vous ?" Pour toute réponse, son interlocuteur  qui était trapu, le crane dégarni et semblait être dans la trentaine, arbora un sourire qui contrastait avec l’attitude hostile affichée par José. Il lui tendait la main, l’air amical. Mais José ne répondit pas à son geste.

"Vos papiers, chef !" Le soldat s’adressait à lui, insistant sur "chef".
"Pourquoi m’appelez-vous "chef ?" dit José. Le soldat le regardait, l’air incrédule, surpris par la question. "Chef, c’est comme "monsieur", expliqua-t-il. "Ne le saviez-vous pas ? Vous n’êtes pas d’ici donc ?" José, qui était en "guerre froide" avec les hommes en uniforme depuis le drame qui coûta la vie à son père, ne répondit pas, partagé entre le mépris et la colère pour cet homme à la tenue négligée et qui puait l’alcool local.
"C’est donc cela ?", se dit-il silencieux, ne voyant pas apparemment de rapport entre "Monsieur" et "chef". A chaque fois qu’il revenait au pays, il se trouvait en déphasage avec le parler local.

Ne sachant pas si l’arme était chargée ou non, José craignit que l’homme en état d’ébriété n’appuie sur la gâchette par hasard et qu’une autre "balle perdue" ne fasse une victime, lui. Ses doigts effleuraient la gâchette doucement, comme s’il la caressait de ses mains. Le jeune étudiant s’intéressait à ce manège et se demandait si le soldat en était lui-même conscient. Alors il réagit à sa demande.
" Les papiers ? Mais quels papiers voulez-vous ?"
"Votre carte, chef !"
"Oui, je sais, mais de quelle carte parlez-vous ? Le soldat changea d’humeur, sa patience étant mise à bout apparemment par le jeune étudiant insouciant. Maintenant il s’adressa à lui sur un ton de commandement.
"Je veux voir tes papiers d’identité tout de suite, petit ! " Il tint son arme et feint de le mettre en joue, mais le jeune homme ne fit pas montre ni de peur ni de témérité. Il restait naturel.

José lui parlait sur un ton bas, comme s’il s’agissait d’une connaissance:
"Y a-t-il une raison à ce contrôle ?" questionna-il à son tour.
En trois années passées à Kampala en Ouganda, il se rappelait n’avoir jamais été interpellé par la Police à propos de papiers. Ce n’est qu’au lendemain de l’attentat du 11/07/2010 à Kampala, lequel fut revendiqué par le groupe terroriste somalien Al Shabab, et qui fit 84 victimes dans une salle où la retransmission télévisée de la finale de Coupe du monde de football était assurée, que la Police a commencé, dans des endroits de grande affluence comme Makerere University ou les marchés, des fois, à filtrer les entrées, à la recherche d’éventuels terroristes. Il se rappelait même avoir suivi BBC avant de sortir, et il n y avait pas été question d’un quelconque conflit dans la région qui puisse justifier ce contrôle. Et puis, enverrait-on des soldats pour un contrôle de routine ? C’est la mission de la Police !    

"Le soldat que je suis n’a pas a demander a mes supérieurs pourquoi tel commandement ou tel autre. Moi quand je reçois des ordres, je les exécute sans poser des questions, petit." Il ajouta : "Autrement nous autres serions comme vous, des civils." Il s’adressait sur lui sur un ton didactique, et élevait la voix pour éviter que le bruit des véhicules qui allaient dans tous les sens ne l’empêche d’être entendu.
Le jeune étudiant hocha la tête, puis dit : "Dis-moi monsieur, elle a quelle couleur, votre carte d’identité : bleue, jaune, rouge ou jaune ?"

L’interlocuteur parut embarrassé par la question, ne sachant par quel bout la saisir. Il donnait l’impression d’avoir compris l’allusion puisqu’il se gratta nerveusement le crane. La dernière carte d’identité nationale en RDC date de l’ère Mobutu. Quand l’AFDL accéda au pouvoir en 1997, il était de bon ton de s’en prendre à tout ce qui était mobutiste. Le nouveau pouvoir promis l’établissement d’une nouvelle carte d’identité. A ce jour, la promesse tarde à se matérialiser, l’AFDL entretemps ayant été remplacé par le PPRD, Kabila-Fils ayant pris la place de Kabila-Père depuis son assassinat en janvier 2001.

Il se retourna en direction de son collègue assis au bord de la pelouse, à une dizaine de mètres d’eux. C’est lui qui vint à la rescousse de son compagnon, preuve qu’il n’avait pas perdu une miette de leur conversation.
"Dis-lui de te montrer sa carte d’électeur." L’autre reprit l’argument à son compte et répéta la question à José.
"Mais voyons, dit le jeune étudiant, la carte d’électeur n’est pas une carte d’identité ! Mais supposez qu’elle le fût, je n’en dispose pas et pourtant je n’en rougis pas messieurs."
"Et pourquoi donc, chef?" dit le soldat proche de lui, ironique.

"En 2005, je n’étais pas majeur pour voter et je ne me suis pas fait enrôler. Voilà !" Il le disait sur un ton détaché, comme s’il s’agissait de la chose de la plus moindre importance, ce qui apparemment agaçait ses interlocuteurs.

Mais le soldat ne s’avouait pas vaincu. "Dans ce cas, montre-nous ton Attestation des Pertes des Pièces". Il souriait, fier de sa trouvaille.
"Pourquoi voulez-vous que j’en aie, puisque je n’ai perdu aucun document ? Seriez-vous entrain de m’apprendre à mentir à l’Officier de l’Etat Civil ?"
C’en était trop. Le soldat assis sur la pelouse fit signe de la main, appelant son collègue. Mais l’autre, ébranlé par l’argumentaire du jeune homme, décida d’en venir au but.

"D’accord on a compris. On peut toujours s’entendre" dit le soldat cette fois sur un ton conciliant. Et tendant la main droite vers lui, il ajouta a voix basse: "Donne-nous un peu de sous et on se quitte".
José le fixa quelques secondes, comme avec pitié, avant de répondre.
"Dommage, j’ai les poches trouées", répondit-il, accompagnant ses propos d’un grand geste de mains en l’air, après avoir déployé ses poches.

Les deux soldats échangèrent de regard pendant quelques secondes et José était là à attendre lorsque son téléphone sonna. C’était sa mère :
"Joe, ton match, tu vas le rater !"
"Je suis en route, mam !" répondit-il, impatient. Il leur dit :
"Voulez-vous me laisser aller, chefs ?" Il n’attendit par leur réponse et se mit en marche, occupés qu’ils étaient à s’entre accuser d’avoir ciblé "un garçon téméraire qui ne pouvait être qu’un mauvais client" alors qu’il leur fallait un adulte susceptible d’être "plus coopérant".

La nuit était tombée maintenant sur Goma-la-martyre, tandis qu’imperturbable, le jeune homme, ses écouteurs de nouveau aux oreilles, dévalait la colline. Seuls les klaxons de motos-taxis allant et venant venaient perturber sa marche et l’obligeaient à se retourner.  

Soudain une clameur se fit entendre aux alentours : la ville était tombée dans l’obscurité. Délestage ou une panne générale de courant ? José jeta un regard au loin et vit les lumières éclairant Gisenyi, la ville rwandaise située à 1 kilomètre de Goma. Il songea à son match qu’il ne pouvait voir sans électricité. A cette heure, il ne pouvait se rendre à Gisenyi.  "Si proche et si loin", murmura-t-il, en poursuivant sa marche. Les deux soldats, quant à eux, se postèrent là, à l’affût du prochain "client".

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26 novembre 2011 6 26 /11 /novembre /2011 13:33

http://www.lephareonline.net/lephare/images/stories/rokstories/tshisekedi_11_06.jpg

Quoiqu’ annoncée à l’avance, la tournée que vient d’effectuer le leader de l’UDPS au Katanga du 31 juillet au 8 août aura surpris, l’idée étant encore impensable il y a quelques semaines. Aussi beaucoup étaient suspendus qui devant son ordinateur, qui l’oreille  collée à sa radio ou à son téléphone, guettant les nouvelles du Katanga. Ils craignaient aussi que leurs proches installés là-bas ne deviennent les "effets collatéraux" de la furie de Gabriel Kyungu envers M. Tshisekedi. Aux dernières nouvelles, il y avait plus de peur que de mal. Mais qu’en avions-nous tiré?

 

 


1. Le Katanga n’est pas une province sécessionniste. Dès le début, dans les années 90’ nous savions que les menaces sécessionnistes de M. Kyungu wa Kumwanza et des attaques initiées contre la communauté de "non originaires" installée au Katanga  n’étaient que purs calculs politiques à court terme : pousser Tshisekedi à la faute en prenant fait et cause pour ses "frères" Kasaïens. La réalité est que les relents de sécession au Katanga et au Bas-Congo restent dans des proportions normales autant que l’est l’existence de l’extrême Droite dans les pays européens : incapable d’obtenir une majorité indispensable pour gouverner et appliquer sa politique anti immigration. Les "gens qui comptent" dans ces deux provinces ne partagent pas ces vues séparatistes.


 Que la majorité de compatriotes désiraient appartenir à la nation congolaise, la démonstration a été faite par les provinces du Kivu après des années d’occupation par le RCD/Goma, coupées du reste du pays. Les katangais ne l’ont pas démenti au vu du triomphe fait à M. Tshisekedi. L’assertion "le Katanga est sécessionniste" est une vue d’esprit. Qui saurait le nier aujourd’hui?


2. E. Tshisekedi n’est pas "l’ennemi commun" des katangais. Il était acquis que le politicien le plus exécré au Katanga résidait à Kinshasa/Limete, 10ème Rue. On s’était accommodé à l’idée, sans se poser des questions, prenant les propos de Kyungu comme parole d’évangile. Les faits récents nous rappellent à la raison : nous avions eu tort de croire au "cinéma" de l’extrémiste lushois. Il se peut que M. Tshisekedi soit devenu "l’ennemi le plus cher" de M. Kyungu. Il est maintenant avéré que nombre de ses concitoyens ne partagent pas sa haine. Et ils le lui ont montré.

 

3. En se lançant en campagne, Tshisekedi place le Parlement devant le fait accompli. Plutôt que d’attendre le feu vert du Parlement et de la CENI quant aux conditions à remplir pour être éligible, E. Tshisekedi leur a forcé la main en s’imposant comme candidat éventuel avec lequel il faudra compter. On voit mal comment le Parlement peut, après cette démonstration de force au Katanga, interdire la participation de celui-ci aux échéances à venir  sous le prétexte d’un "dépassement de l’âge". Pareille éventualité susciterait des troubles avec des conséquences incalculables. Désormais, c’est au souverain primaire de trancher. "L’opposition extra parlementaire" aura son mot à dire.

 

4. Démarrer sa campagne dans le fief du chef de l’Etat était risqué. En y allant quand même, il s’est révélé un réel leader. Mis à part le Kivu, le Katanga était l’ ’étape test et celle de tous les dangers. Elle était aussi sans doute celle qui empêchait les membres de la direction de l’UDPS de dormir. Qu’est-ce qui la rendait tant difficile ?  Au moins trois facteurs. D’abord, Tshisekedi savait qu’en se rendant là-bas, il allait défier Joseph Kabila sur ses propres terres. L’hôte du Katanga était un "non originaire" qui s’était fixé l’objectif de chasser "le fils du pays" du pouvoir. Comment les populations locales allaient-elles réagir devant pareille "provocation" ? Ensuite, malgré lui, les relations entre Tshisekedi et la province du cuivre n’étaient pas les meilleures, les autochtones ayant mordu à l’hameçon leur jeté par Kyungu dans le passé. Résultat : la "chasse aux Kasaïens" qui provoqua la mort de beaucoup. Et si Gabriel Kyungu entrait en scène, n’endosserait-il pas une responsabilité morale ?

 

Enfin, Tshisekedi était absent du terrain depuis une vingtaine d’années déjà. N’allait-il pas se planter en se rendant au Katanga ? Déjà début décembre dernier, lorsqu’il déclarait à RFI que ses collaborateurs feraient la campagne dans les lieux où il ne pouvait se rendre à cause de sa santé, on l’avait interprété comme une reculade face aux provinces "difficiles", le Katanga et le Kivu notamment. Mais sur le plan psychologique, il savait que si ce verrou tombait, tout devenait possible : la route du Palais de Marbre était à portée de main. Il lui fallait ainsi se montrer "vertébré", et il vient de le démontrer avec panache. "Que voulez-vous que cela me fasse ?" avait-il annoncé les couleurs depuis Bruxelles, faisant allusion à la rumeur selon laquelle le  maire de Lubumbashi ne verrait pas d’un bon œil sa visite. Du coup l’on a retrouvé l’homme courageux et combatif qui a affronté les hordes de Mobutu à mains nues.

 


 (Article publié sur le site congoOne.net le 9/08/2011 et l’auteur le met sur ce blog dans le but de l’archiver)

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26 novembre 2011 6 26 /11 /novembre /2011 13:21

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Il y a peu j’ai appelé un ami vivant au pays, voulant me renseigner à propos d’un chanteur dont les mélodies charrient des souvenirs indélébiles enfouis dans mon esprit. Les années succédant aux autres sans que rien ne soit publié à son sujet, à l’inquiétude qui me submergeait s’ajoutait le désespoir de le réentendre sur disque, tellement nos artistes-musiciens sont connus pour leur hygiène de vie qui laisse tant à désirer, laquelle les mène souvent à une mort prématurée.  Vivant en terre étrangère, il y a de ces moments où la nostalgie vous tient et l’antidote se révèle être rien d’autre qu’une chanson vous rappelant certains moments heureux d’un passé lointain. « Cela fait des années qu’il ne chante plus » me fut-il dit à propos de mon chanteur. La raison ? « Il est complètement fini » ! Tristesse et frustration m’envahirent et sous le choc, je me demandais  qu’est-ce qui pouvait bien conduire un chanteur ayant une si belle voix à pareil sort.  Qu’il fut un sportif cela se comprendrait, suite aux dures exigences de compétition et à l’âge. Mais qu’un si brillant chanteur « finisse » m’était difficile à expliquer. D’interrogation en interrogation, je me demandais si ce n’était pas plutôt notre propre système, ces lois non écrites faisant la tradition musicale congolaise qui sont  coupables de jeter à la poubelle de l’histoire une personne si talentueuse au prétexte qu’elle était « finie ».


Le chanteur dans la conception congolaise. Dans l’entendement du mélomane congolais, un chanteur digne de ce nom est celui qui allie l’art de chanter à celui d’un bon compositeur. Un chanteur qui ne borne qu’à interprèter les chansons ne jouit pas d’une grande estime. A propos de ceux qui ne composent pas eux-mêmes  on entend des réactions péjoratives du genre « mais ce n’est même pas sa chanson ; il ne fait qu’interpréter ; l’auteur véritable de la chanson est Untel et pas lui» ! Ainsi tout l’honneur revient au compositeur des textes (lyrics). Aussi, pour éviter cette « encombrante » situation beaucoup s’arrangent-ils d’acheter  - à vil prix souvent - auprès des tiers qui sont paroliers des chansons qu’ils présenteront au public comme étant leurs propres œuvres.  On raconte que Félix Wazekwa était l’un des compositeurs attitrés de Koffi Olomidé comme ce dernier le fut lui-même pour Papa Wemba. Mais aucune chanson de Koffi ou de Wemba ne porte le nom de Wazekwa ou Olomidé comme auteur-compositeurs. Si ces rumeurs sont vraies, tout se réglait à l’informel. Or dans cette maffia il  arrive à un auteur-compositeur de vendre son titre à deux chanteurs, comme ce fut le cas de la chanson « Rendre à César » vendue à Papa Wemba et Djanana en même temps dans les années 80’.  C’est ainsi que se terminent les arrangements à l’informel : ca sent l’arnaque des fois !


Dans ce contexte si un chanteur ne disposant pas de talent de compositeur s’y met quand même court le risque de détruire sa carrière car une chanson mal composée ne peut que  dévaluer le  talent d’un bon chanteur sur le marché. Cela explique aussi la presence d’une grande quantité d’œuvres musicales très plates et dénuées de toutes qualités artistiques dans la discographie congolaise. En 2002, Simaro Lumumba, l’un des plus grands compositeurs congolais déclarait à Afropop : « Nous avons certes quelques bons chanteurs dans les orchestres des jeunes actuels, tels Ferré, Alain Mpela ou Lacosta qui ont tous des belles voix. Mais disposer d’une belle voix est une chose, savoir la mettre en valeur est une autre. (…) Si je donnais l’une de mes chansons à l’un d’eux pour interprétation vous serez impressionnés par leur talent ».  Venant de celui grâce auquel des chansons telles « Kadima » chantée par Djo Mpoyi, « Maya » par Carlito ou « Mabele » et « Faute ya commerçant  » par Sam Mangwana ont propulsé ces chanteurs-interprètes au firmament de succès, on ne peut qu’acquiescer. D’autre part, lassés d’être remunérés avec des miettes, certains compositeurs finissent par entrer, eux aussi, dans la dance et deviennent chanteurs, comme le furent Koffi Olomidé et Félix Wazeka entre autres.


Le chanteur n’est pas un homme-orchestre. Personne ne devrait s’attendre à ce que le chanteur dispose obligatoirement des talents de parolier ou de compositeur de musique. En effet, qui, ici-bàs, a jamais disposé de tous les talents possibles ? En realité, le chanteur fait partie de l’industrie musicale composée de plusieurs activités qui s’interpénètrent et des professionnels qui collaborent pour produire un produit fini appelé « vidéo clip » ou « cd ». II s’y trouve des paroliers ou compositeurs de musique, instrumentistes, publicistes, producteurs, managers ou encore des vidéo concepteurs, infographistes, etc. Chacun d’eux y apporte de son talent  et œuvre dans un cadre régis par des lois et les accords y sont  signés de facon la plus formelle possible et aucune place n’est laissée à l’informel. Par ailleurs, en vérifiant attentivement les succès que chantent les stars internationales Rihanna, Beyoncé ou Céline Dion, l’on se rendra vite compte qu’elles qu’interprèqtent souvent des titres écrits et composés par d’autres et elles n’en ont pas honte. Leur éclat ne porte pas un coup, au contraire travailler avec des bons compositeurs a le mérite de contribuer à leur rayonnement. Pareillement, ne  saute-t-il pas  aux yeux que la période au cours de laquelle les titres que chantait Mbilia Bell étaient composés par Tabuley (compositeur réputé) était la plus glorieuse de sa carrière ?


Une industrie musicale sous-développée. Cinquante ans après les indépendances il est affligeant de constater que beaucoup d’avancées n’ont pas été effectuées dans notre industrie musicale qui demeure rudimentaire, malgré des disques d’or obtenus par nos artistes, malgré des Koras, notre industrie musicale fait face à des difficultes d’ordre structurel qui l’empêchent de s’épanouir.


Pas d’écoles pour musiciens. On n’a pas besoin d’être expert pour voir que les jeunes congolais ont du talent  naturel en musique : ils aiment danser, chanter à longueur de journées. Du temps de la « guerre des ondes » entre le Congo Brazza  de Marien Ngouabi et le Zaïre de Mobutu, le premier croyait si bien dire lorsqu’il jasait en disant : « Si vous voulez danser allez à Kinshasa ; mais si vous voulez travailler venez chez-nous ». Mais curieusement l’inexistence des écoles pouvant donner une formation à tous ces jeunes étonne.  Certes l’INA est là mais il s’agit d’une institution d’enseignement élitiste  déconnectée de la vie nationale d’où n’est sortie aucune vedette de notre musique depuis sa création. La majorité de ceux qui font carrière dans la musique apprend leur métier sur le tas, comme au bon vieux temps, pendant que d’autres ne font que bricoler. A-t-on de bonnes raisons de se plaindre de la qualité de notre musique ?


Pas des paroliers reconnus. Il est possible qu’il existe bien des talents dans ce domaine qui ne demandent qu’à être identifiés Si certains compatriotes savent composer la musique et les paroles de gospels, d’autres ne peuvent-ils pas en faire autant  pour la musique profane ?  La présence des compositeurs de musique et des paroliers dans notre industrie musicale viendrait proposer des textes de qualité et de la musique aux chanteurs et il n’en découlera que l’amélioration de la qualité de leurs œuvres. Ceux-ci agiraient donc au grand jour (et ne vendraient donc pas leur œuvre pour 100 ou 200 dollars et disparaitraient) mais auraient soit des bureaux ou des web sites d’où ils seraient contactés.

Pas des critiques musicaux. C’est une espèce disparue en RDC : ces journalistes qui jugent, pèsent et soupèsent les œuvres d’art avec leur plume (presse écrite)  ou voix (presse parlée) en se servant des critères reconnus pour apprécier une chanson ou œuvre d’art. De par leur compétence, leur crédibilité et notoriété ils jouent en amont le rôle de facteur dissuasif auprès des artistes, les empêchant de mettre du n’importe quoi sur le marché. Ils servent aussi de guides aux mélomanes dans le choix qu’ils effectuent. Mais ceux qui font office de « chroniqueurs «  de musique chez-nous ne sont que des animateurs dépourvus d’une formation réquise, jouant plus le rôle de publiciste pour le compte des musiciens que celui de critiques. N’ayant pas régulièrement leur salaire, les musiciens les « dépannent » financièrement et à ceux-ci de dire du bien de leurs albums. Tel semble être le marché conclu entre les « chroniqueurs » de musique et les musiciens congolais. De ce fait,  les données sont biaisées.


Pas de festivals de musique. L’organisation des festivals annuels est l’occasion rêvée pour dénicher de nouveaux talents mais d’autre part l’attente de cet événement sert d’émulation aux artistes qui mettent le paquet afin de faire bonne figure.  Cette disposition sert dans tous les pays du monde à la promotion des différentes musiques que régorge une nation. Que cela s’explique par l’incompétence  ou le manque d’imagination des responsables de la Culture et Arts, l’inexistence des festivals sur l’étendue de la république pendant tant d’années joue comme élément de découragement  pour les artistes et un frein à l’éclosion de nouvelles formes de musiques et d’artistes, sachant que le groupe  Wenge Musica a été découvert par le public lors d’ un concours télévisé. Certes il y a « Découvertes RFI » mais  il est ici question d’une compétition continentale qui laisse sur le bord de la route de nombreux artistes qui n’ont pas de compétences à l’échelle africaine mais peuvent  être valables sur le plan national.


Le lingala, la lingua franca. C’est parfois loin, très loin des frontières nationales que l’on peut se rendre compte d’une valeur nationale. A Cape Town, cette ville située à l’extrême Sud du pays de Nelson Mandela vit une communauté congolaise multi-éthnique. Pour communiquer les uns les autres les congolais se servent souvent du lingala, surtout lorsqu’il s’agit de personnes venant de différentes provinces.  Le lingala apparait comme la lingua franca, servant de pont entre les différentes communautés quoique disposant chacune de sa propre langue vernaculaire. D’ailleurs, là-bas, ils s’identifient eux-mêmes comme des « Batu ya mangala » [« ceux dont la langue est le lingala »].  Il n y a pas qu’à Cape Town qu’il en est ainsi mais dans plusieurs endroits où vivent les congolais, au pays ou en dehors.


Le lingala, langue dominatrice en musique. La musique congolaise moderne est synonyme de la musique chantée en lingala. Tous les succès qui nous ont bercé et fait danser sont en lingala. Depuis « Indépendance cha cha », en passant par « Kamalé » de Nyboma, « Mabele » de Simaro, « Mario » de Franco, « Mokolo nakokufa » de Tabuley, « Eluzam » de Evoloko, « Mère Supérieure » de Papa Wemba, « Ndaya » de Mpongo Love, jusqu’au succès les plus récents que vous connaissez. Dans un Hit Parade quelconque, vous trouveriez difficilement des chansons en d’autres langues et interprétant d’autres rythmes du pays. La raison est connue : les canons de notre musique moderne correspondent à la musique lingalaphone.  A coté de cette musique jouée avec guitares, batterie et instruments à vent, les musiques autres qu’elle sont concues comme de deuxième catégorie, « c’est la musique des deuils » en parlent certains, de manière péjorative. Il faut se rendre aux  cérémonies récréatives  privées (mariages, anniversaires, levée de deuils, etc) pour trouver ces musiques traditionnelles.


Quid des autres musiques congolaises ? Puisque le canons de la musique congolaise « moderne » sont dictées par la musique lingalophone, pour avoir voix au chapitre la plupart d’artistes venant des différentes provinces se mettent au lingala. Il n y a rien de mal à priori, à condition que l’accent de la langue maternelle sur l’expression de l’artiste soit correcte et pas très prononcé. Sinon son œuvre en patit.  Par exemple  beaucoup de mélomanes congolais admettent que Tshala Muana séduit  mieux son auditoire en chantant en tshiluba qu’en lingala. Il en est de même pour le groupe luba les « Bayuda » qui interprète certains titres en lingala avec une prononciation toute  approximative. Peut-on imaginer Tabuley chanter en tshiluba et bien le faire qu’il le fait en lingala ? Il y a des fortes chances qu’au-delà de ses qualités artistiques le rendu ne soit pas de qualité, maitrise de la langue oblige.


L’uniformité linguistique détruit  les cultures dominées. Dans un pays qui régorge de 264 ethnies et 250 langues vernaculaires, quel gachis s’il arrivait qu’un si grand patrimoine culturel aille en fumée  suite à l’impérialisme linguistique  du lingala ! C’est à peine si on entend d’autres musiques qui sont pourtant belles et gagneraient à être promues et écoutées (le folflore ntandu, yombe,  songye, otetela, lulua …).    Ce danger est d’autant réel que   les jeunes qui devraient pérénniser la culture traditionnelle (les langues vernaculaires et la musique traditionnelle)  et la transmettre aux générations futures ne jurent que par le Rap music et la musique lingalaphone. Qui veillera dès lors  que cette musique ne disparaisse pas ? Beaucoup se plaignent du fait que lorsqu’il est question de la musique congolaise celle-ci soit essentiellement dansante. La musique Rock l’est aussi. Mais la différence est que les autres pays ont laissé s’épanouir d’autres formes d’expressions musicales et cela a favorisé la présence d’une gamme variée de musique chez-eux : le soul, le jazz, le country, le rap, la pop, la musique instrumentale, le heavy metal, etc. En faisant de même ne donnerait-on pas l’occasion aux musiques du Kivu, du Katanga, province Orientale et de tous nos terroirs d’éclore et concurrencer la musique en lingala qui tirerait d’ailleurs profit de cette compétition ?


Derrière une langue il y a une culture. Puisque chaque langue véhicule les valeurs de la culture dont elle est issue, la grande influence que le lingala exerce dans la musique congolaise implique qu’à travers cette musique se propage des valeurs du milieu d’où provient géographiquement le lingala. Le Rap, cette musique black des ghettos americains véhiculent des valeurs connues : l’exhibitionnisme, l’exaltation de la force et  du pouvoir de l’argent, une tenue vestimentaire négligée, des tatouages, etc. Le danger est que les valeurs que véhicule la musique lingalaphone finissent par s’imposer sur le plan national comme le modèle. Or cette langue est vue par beaucoup comme ayant des termes irrespectueux plus que pour d’autres.  Que l’on se souvienne aussi de la dance Sundama et de ces cris ambivalents dans la musique congolaise « moderne »  et l’on se fera facilement une idée claire.


Le succès continental remporté par la chanson « Tshibola » de Tshala Muana et Souzy Kaseya qui est tirée du folklore lulua et chantée en tshiluba démontre que la musique congolaise dite « moderne » peut être variée et pourtant plaire au- delà de nos frontières nationales. Ce fait illustre ce qu’il en adviendra lorsque notre patrimoine musical (provenant de toutes les 264 ethnies du pays) sera exploité par des professionnels : notre musique pourra conquérir le monde. Quant à mon chanteur réputé « fini », la solution ne réside-t-elle pas par la collaboration avec de bons auteurs-compositeurs ? Imaginez si de belles voix de Nyboma, Papa Wemba ou Mbilia Bell, par manque de bons compositeurs, se taisaient. Du gachis sansdoute.



(L’article a paru le 14/05/2010 sur le site congoOne.net et l’auteur le place sur ce blog en vue archivage

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26 novembre 2011 6 26 /11 /novembre /2011 13:08

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Peut-être que pour avoir été longtemps nourris aux mamelles des promesses des lendemains qui chantent grâce à nos supposées potentialités qui feraient de la Rd Congo « un scandale géologique », nous avons perdu de vue que les ressources de notre faune, flaure et toutes ces plages et monuments relatant notre histoire peuvent, au même titre que le Port de Matadi, le diamant de Mbujimayi,  le coltan du Kivu ou le cuivre du Katanga rapporter énormément à notre économie et contribuer autant à notre développement.


L’importance du tourisme. Le tourisme se présente comme la première source des recettes de près de 38% des pays du monde. Selon le World Tourism Organisation (UNWTO) en 2008 pas moins de 898 millions de visiteurs ont été accueillis dans différents pays du monde, l’Europe se taillant la part du lion avec 50% des parts du marché ce qui fait d’elle la plus grande destination touristique au monde. Les trois premiers pays (en termes du nombre d’arrivées et des recettes) sont respectivement la France (première en terme d’arrivées avec 79,2 millions de touristes mais troisième pour les recettes avec 46 milliards), les USA (deuxième en terme d’arrivées avec 55 millions de touristes mais premier pour les recettes avec 85,7 milliards $) et l’Espagne (troisième pour les arrivées avec 53 millions de touristes mais second pour les recettes avec 53,2 milliards $). Le secteur contribue avec 5.771 milliards de dollars sur le PIB des pays du monde, offre 235 millions d’emplois selon le World Travel and Tourism economic forecasts (WTTC). Pas étonnant que beaucoup de pays aient investi dans le domaine pour se partager cette manne.


Selon les chiffres récents (2009) L’Afrique n’a accueilli que 44 millions de visiteurs, ce qui représente moins de 6% du marché mondial indiquant par la qu’elle en constitue le parent pauvre faible. Quelle en est la cause ? Pour M. Francesco Frangialli, Secrétaire General de l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) c’est suite aux « difficultés objectives » telles le manque d’infrastructure, la perception d’un risque d’insécurité liée aux conflits armés dans certaines parties du continent  ainsi que le cout élevé du transport aérien. Même si la destination Afrique est globalement faible, certains pays émergent du lot et se partagent l’essentiel des touristes suite à leur dynamisme, ne laissant aux autres que des miettes.  Les destinations favorites en Afrique restent l’Afrique du Sud, la Tunisie, l’Egypte, le  Maroc, le Zimbabwe, le Kenya, le Botswana, l’ile Maurice et la Namibie.  L’Afrique du Sud a accueilli 9 millions de visiteurs l’année dernière et les ambitions de l’Egypte pour 2011 sont ambitieuses : recevoir 14 millions de touristes !


Le cas du Rwanda. L’exemple du Rwanda mérite d’être examiné puisque il s’agit d’un pays confronté à peu près aux mêmes dysfonctionnements que la RDC mais qui pourtant a obtenu des résultats dignes d’éloges dans son secteur touristique, Il nous dame le pion quoique disposant de moins d’atouts que nous. Son cas peut nous servir d’exemple et à l’instar des chinois qui ont commencé par copier ce qui se faisait dans les pays avancés avant d’arriver plus tard, à force de travail et de détermination, à créer de toutes pièces des produits « made in china » qui se vendent dans le monde entier, nous pouvons apprendre du petit voisin. Notre voisin a axé sa démarche en deux directions : la diversification des activités touristiques et l’investissement dans le secteur hôtelier. Aussi, en 2009 seulement 500 chambres d’hôtels ont été construites par des investisseurs privés. A propos du deuxième axe, les activités au pays des Milles Collines couvrent tout le territoire et comporte les parcs nationaux, les visites guidées de Kigali, des activités communautaires, les grottes souterraines,  les pâturages de l’Est, les champs de the, la foret de Nyangwe, les musées nationaux. les peintures traditionnelles de l’Est ainsi que les danses traditionnelles. Cependant la première attraction touristique ce sont les 700 gorilles a l’état sauvage dont plus de la moitié vivent dans le Parc des Virunga, laquelle est a cheval entre le Nord du Rwanda et la RDC. En 2009 le tourisme à lui seul a rapporté au pays 174 millions $ suite à l’arrivée de 700.000 touristes. Les prévisions pour l’année en cours d’après l’Office Rwandais du Tourisme et des Parcs Nationaux (ORTPN) est de renflouer les caisses de l’état avec 187 millions $. Mais qu’en est-il chez-nous ?


L’état des lieux du tourisme congolais. Qui d’autre que Monsieur Guy Omary India, l’Administrateur Délégué Général Adjoint de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) pour brosser la situation de notre tourisme ? A son retour  de Kampala en Ouganda où il a été prendre part à un sommet sur les gorilles en octobre 2009 il déclara à Le Potentiel: « J'avais des larmes aux yeux quand j'ai entendu lors de ces travaux ce que les activités touristiques rapportent mensuellement aux pays voisins en termes de devises dans les caisses de l'Etat. Pendant qu'aucun touriste n'a visité les gorilles du secteur sud du parc national des Virunga, depuis le début du septembre dernier, le secteur touristique a permis le mois passé à l'Ouganda de rapporter 60 millions USD et le Rwanda a, quant à lui, avec peu d'espèces de gorilles dont certains proviennent de l'Est de la RDC après y avoir fui les crépitements des armes, rapporté 37 millions USD, le même mois, aux trésors publics ». Cette déclaration à elle seule résume la situation de la RDC : lamentable. La guerre est souvent invoquée comme étant la cause première du ralentissement du secteur touristique mais il n’en est rien car celle-ci n’est venue que se greffer sur des problèmes structurels préexistants. Le réseau routier impraticable, les infrastructures hôtelières insuffisantes, manque de personnel qualifiés, la corruption généralisée, les tarifs élevés de transport  et le non entretien d’infrastructures touristiques en constituent quelques uns des goulots d’étranglement.  Cependant quelques pistes simples de sortie de crise existent.


Dresser un inventaire exhaustif de nos ressources. Nous devrions au préalable nous départir de nos mauvaises manières consistant à donner l’impression que l’Histoire n’a commencé qu’avec le régime politique en place. Si à l’arrivée des colons belges les statues de nos ancêtres ont été soit détruites soit expédiées en Occident et à la place les monuments de Léopold II et autres autorités coloniales furent érigés, le régime Mobutu a pour sa part déboulonné les statues de l’ère coloniale sous le prétexte du Recours à l’Authenticité dont le chantre n’était nul autre que  Sakombi Inongo ; ils  furent remplacés par celles du Président-Fondateur. L’arrivée des « libérateurs » de l’AFDL n’a pas mis un coup de frein à cette politique puisque seuls les monuments de LD Kabila (en attendant  probablement ceux du dirigeant actuel) sont dressés. Le prochain dirigeant n’aura qu’à faire détruire le Mausolée de LD Kabila …


Cependant si vous vous promenez dans n’importe quelle ville du monde vous y trouverez les monuments datant des différentes périodes de l’histoire. La politique de l’histoire sélective est une tricherie avec la mémoire collective qui fait de notre histoire une histoire tronquée et biaisée. Dresser un inventaire exhaustif et sans complaisance c’est par exemple rappeler les événements importants de l’histoire à notre mémoire en érigeant des monuments. La colonisation, le régime Mobutu ou l’AFDL, que nous ne voulions ou non, font partie de notre histoire commune et donc de notre patrimoine collectif. Mais quand s’arrêtera donc cette culture nationale de destruction ? A force d’agir de la sorte, ce que nous détruisons n’est rien d’autre que  notre passé commun et nous finirons par perdre même nos repères.


Quand sera érigé le monument commémorant le pogrom contre les kasaiens ; les activistes de BDK massacrés par la Police envoyée par J. Kabila au Bas-Congo ; les centaines d’hommes et femmes  tués lorsque Joseph Kabila s’est servi de l’artillerie lourde en pleine ville de Kinshasa pour s’en prendre aux troupes de J-P Bemba ? Et celui rappelant les femmes violées au Kivu ; les millions des morts tués par les troupes de Paul Kagamé ? Et ceux rappelant ceux qu’ont tués le RCD, le MLC et les Mayi-Mayi ? Et que dire du monument dédié aux personnes tombées le 25 février 1992  lors de la marche dite « Marche des chrétiens » ? Peut-être que la vue de ces monuments servira de dissuasion à des éventuels tueurs et culpabilisera les auteurs de ces crimes. Qui a intérêt qu’on ne garde aucune trace (et aucun souvenir) de ces événements ? Ces monuments ont toujours été une source d’attraction de touristes dans le monde.


Faire preuve d’inventivité. En période de crise et lorsque les moyens font défauts, il nous reste tout de même le cerveau pour penser, créer et essayer de nous tirer d’affaire. Faire preuve d’imagination afin de trouver d’autres sources d’attractions touristiques (et donc d’entrée des devises) est plus qu’indispensable. Pourquoi ne pas installer des jardins zoologiques dans les chefs-lieux de chaque province, ce qui donnera aux congolais dont le niveau de vie général est faible de bénéficier d’une  distraction autre que la télévision qui ne diffuse que danses avilissantes à longueur de journées ? Puisque à Matadi chaque semaine une dizaine de navires accostent avec à leur bord des marins en quête de défoulement, pourquoi ne pas prévoir des visites guidées à travers la ville et dans d’autres sites ? L’expérience peut être tentée dans toutes les villes du pays, Boma compris puisqu’il ne faut pas négliger la clientèle intérieure.  Rénover des bâtiments ayant appartenu a des personnalités publiques (la résidence du Gouverneur General de l’EIC à Boma, le palais du Marechal Mobutu à Gbadolité, la maison familiale du président Kasavubu à Boma) et en faire des attractions touristiques. Notre pays dispose de la foret équatoriale ou des communautés pygmées et des lacs et fleuves pour des randonnées éventuelles. Il est aussi grand temps qu’il y ait des établissements d’enseignement supérieur relatifs au tourisme comme cela se voit dans d’autres pays (Ouganda, Afrique du Sud) car cela aura l’avantage de doter le  secteur d’un personnel aguerri.


Un minimum d’ambition est nécessaire. Les pays qui constituent ders attractions touristiques sont ceux-là qui investissent pour qu’on parle d’eux en bien car l’image d’un pays a l’extérieur est proportionnel a l’intérêt que d’éventuels touristes lui accorderont. Comme l’Afrique du Sud avec la Coupe du Monde du mois prochain. Comme l’Angola avec la dernière Coupe d’Afrique des Nations. Comme le Rwanda avec le tournoi de football africain des moins de 17 ans il y a trois ans. Certains érigent des bâtiments pour être candidats à abriter des conférences internationales, des banques continentales ou d’autres institutions importantes. Mais la RDC n’a aucune ambition. Depuis le combat Ali-Foreman de 1974, nos ambitions semblent  s’être évaporées et volatilisées. Depuis sa création il n’est pas normal que nous n’ayons jamais abrité la Coupe d’Afrique des Nations alors qu’il y a des pays qui l’ont fait plusieurs fois. Bientôt ce sera le Rwanda qui le fera et qui osera parler encore ? Quant au Sommet des chefs d’Etat africains, le dernier sommet de l’OUA fut organisé chez nous en … 1967. L’organisation de ces genres de cérémonies sert de prétexte à bâtir de nouvelles infrastructures routières, hôtelières ou de communication.  Et le tourisme en tire profit.


Désordre et malpropreté ne « vendent » rien. Il n’est pas normal que des immondices soient évacuées d’une maison et jetées en face de chez-soi, sur la route par terre et non dans une poubelle,  ainsi que cela se fait dans plusieurs quartiers de Kinshasa. Les autorités municipales et la Société Civile devraient faire preuve d’esprit d’imagination pour que cela cesse, connaissant l’impact d’un tel comportement non seulement sur l’hygiène mais aussi sur l’éducation de nos enfants qui grandissent  en ayant une notion tordue de la propreté. En plus, qui a jamais payé de son argent pour aller contempler la saleté ? Au contraire elle ne suscite que rejet et dégout. N’est-ce pas l’impression qu’un visiteur étranger a au premier abord de notre pays ? Si Kinshasa a, à tort ou à raison, été identifiée sur « Questions pour un Champion », cette célèbre émission de la chaine francophone TV5, comme « la capitale la plus sale d’Afrique »,  est-ce un motif de fierté ? Quels efforts ont été fournis par l’autorité depuis ? J’ai visité Kigali l’année dernière et je n’y ai aperçu aucun sachet trainant par terre. Vous y sentez de partout  les efforts  déployés pour maintenir la netteté de la ville. Sont-ce des choses difficiles à réaliser ? Si elles sont réellement difficiles, pourquoi nos ambassadeurs qui sont installés dans les pays où existent des poubelles aux coins de rue et la propreté n’étudient-ils pas la chose pour en faire profiter au pays ? A quoi servent-ils donc ? Travailler pour que ces images négatives de malaria, « capitale de viol », ebola, « paradis fiscal » insalubrité qui nous collent à la peau et chassent les touristes soient oubliées s’impose.


Des efforts pour rendre le pays attractif. Le 18 février 2009 a lieu à Bruxelles la parution du guide touristique « Le Petit futé »  sur la RDC, œuvre de M. Médard Tambwe Mangala. Document utile pour promouvoir l’activité touristique puisqu’il présente avec force détails des informations sur la géographie, l’économie, les langues parlées, l’histoire et d’autres informations à même de servir de guide à n’importe quel touriste. Investir dans le marketing du tourisme c’est aller dans la bonne direction. Si une telle initiative est louable elle ne doit pas cependant  occulter le fait que tout un travail d’envergure mérite d’être accompli en amont afin que la RDC paraisse attractive aux éventuels touristes et qu’ils l’incluent dans leur destination des vacances. Tenez. Nous avons la réputation  d’avoir les tarifs de transport les plus élevés. Pour beaucoup de congolais voulant se rendre en Europe, il vaut mieux aller prendre son avion à Johannesburg plutôt qu’à Kinshasa. C’est moins cher et plus sûr. Vous ne le savez peut-être pas, prendre place à bord d’un petit bateau à Goma pour vous  rendre à Bukavu est beaucoup plus cher que le prix du billet du bus confortable que vous prendrez à Gisenyi (Rwanda) en direction de Kampala en Ouganda. Par ailleurs, il vaut mieux avoir affaire aux officiels d’immigration burundais, rwandais, tanzaniens ou ougandais que les congolais à l’aéroport de Ndili ou aux postes frontaliers de Kasumbalesa ou d’Uvira. Dans ces pays-la ils sont corrects et polis. Quant à chez-nous préparez-vous à y laisser des plumes. Ces faits étant connus de tous les voyageurs dans ces régions, avouez que cela ne fait rien pour faire de la RDC une destination de rêve, un site attractif.


Lorsqu’on prend conscience que les aéroports, les postes frontaliers et les ports constituent parfois le tout premier contact qu’un étranger peut avoir  avec un pays, il y a de quoi s’inquiéter. Après un parcours de combattant pour obtenir un énième sceau sur leur passeport ou être fouillé, sont-ils prêts à revenir chez-nous lors des vacances prochaines, surtout que les mêmes attractions sont disponibles dans d’autres pays mieux organisés ? A propos du coût excessif du transport en RDC, à voir de près la répartition des frais du billet d’avion (le montant revenant à la compagnie d’aviation et les taxes dues), cette situation ne daterait-elle pas depuis « l’effort de guerre » décrété en 1996 par le gouvernement Kengo afin de faire face à l’invasion du pays par l’AFDL et cie ? Serait-il que jusqu'à ce jour le gouvernement continuerait – à l’instar de tous ceux qui l’ont précédé depuis la chute de Mobutu en mai 1997 – de percevoir indûment « son pourcentage » sur le dos des pauvres gens, alors que la guerre est bien finie?


Prétendre, à l’instar d’un dépliant touristique, que la RDC est un « paradis terrestre » puisque « tout ce que vous ne trouvez pas ailleurs se trouve au Congo » est susceptible d’amener la salive dans la bouche de beaucoup. Mais quelles sont les réalités une fois que l’on se rend sur place ? Il est temps de regarder les choses en face et créer un environnement favorable à l’épanouissement de notre tourisme. Nous avons des atouts certes, mais à eux seuls ils sont insuffisants. M. Guy Omary India, Adga de l’ICCN le reconnait  d’ailleurs: « Quand les touristes se rendent compte que les conditions ne sont pas réunies pour leur permettre de visiter les sites touristiques, ils se résignent ».

 


(l’article a ete publie sur le site congoOne.net en date du 10/05/2010 et l’auteur le place sur ce blog comme archive)

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24 novembre 2011 4 24 /11 /novembre /2011 15:54

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Quelles sont les réelles intentions de V. Kamerhe? Bien malin qui pourrait y répondre, tellement l’auteur de “Pourquoi j’ai choisi Kabila” brouille les pistes et donne l’impression de quelqu’un qui recherche encore ses marques.  S’il lui arrive à l’occasion de décocher des fleches à l’endroit du pouvoir, il n’hésite pas, cependant, à cibler l’opposition, provoquant ainsi une levée de boucliers. Alors que certains le croient sincere dans sa demarche, ses détracteurs, eux, le jugent “opportuniste " et “en mission” pour le compte de l’actuel chef de l’Etat congolais. Les propos tenus sur RFI le 15 juin dernier par celui dont le statut d’opposant n’est vieux que de ... 6 mois sont restés dans le même registre, tant  les faits sont à l’aune de son verbe.

 


1) “E. Tshisekedi a un contentieux avec le Kivu qu’il n’a pas encore réglé”. L’on s’attendait alors que V.Kamerhe parle de ce “contentieux”. Les faits à la base de ce “contentieux”?  Les voici. En 2002, les negotiations inter-congolaises de  Sun-City sont dans l”impasse. A la tête de l’ASD, une plate-forme circonstancielle issue de ces Accords, E. Tshisekedi sait que l’homme d’Etat rwandais, qu’on l’aime ou pas, est un homme-clé dans la region des Grands Lacs. C’est alors qu’il se rend à Kigali le rencontrer afin qu’il fasse pression sur les parties pour que l’on en vienne aux Accords Inclusifs. La suite des événements lui donnera raison. Mais le probleme est que sa visite se déroule dans un contexte délétère, Kabila s’étant brouillé avec son homologue rwandais. Du point de vue de M. Kabila et ses partisans, se rendre au Rwanda équivalait à pactiser avec le diable. Le Kivu est alors en ébullition, tant  les rancœurs entre les tribus qui se combattent dans la region sont vivaces. A la suite d”un deficit de communication politique de l”UDPS,une campagne d’explication n’a jamais été organisée et les choses en sont restées là à ce jour. Donc, en fait de “contentieux”, il s’agit plutôt d’un … malentendu.

 

 

En criminalisant aujourd’hui le voyage de M. Tshisekedi à Kigali, tout en se proclamant de l’opposition à Kabila, V. K jette de l’huile sur le feu et de ce fait joue le jeu de M. Kabila. Rien de plus pour conforter ses détracteurs qui se disent qu’il dévoile ici sa vraie face: une “taupe” de Kabila.


 

2) “Quand j”ai vu que mon ami [Joseph Kabila] et moi n’allions plus dans la même direction, j”ai décidé de le quitter” L’intention affichée ici est de démontrer la similarité des démarches politiques entre MM. Tshisekedi et Kamerhe. Mais parvient-il à convaincre même les analystes impartiaux?  Les faits à la base du divorce entre Kamerhe et Kabila ne sont guère un secret de polichinelle. Tout le monde sait que c’est au lendemain de son limogeage du Perchoir que V.Kamerhe “decide de quitter” son ami. S’il avait conservé son poste, on peut deviner où il serait à ce jour...

 


Plus tard Jeune Afrique revelera qu’alors que Vital Kamerhe était déçu que la promesse de son mentor de le nommer Premier Ministre n’était pas tenue, M. Kabila pour sa part aurait pris des distances par rapport a  celui-ci après avoir décelé chez-lui trop d’ambitions.

 


Ainsi donc, contrairement à ce qu’il prétend, le conflit Kamerhe-Kabila est dénué de motif idéologique. C’est une “querelle de ménage” pour cause de promesse non tenue. Pour M. Tshisekedi par contre, la “lettre des 13 Parlementaires” adressée au President Mobutu parle d’elle-même.

 


3)Kamerhe est prêt à jouer le trouble-fête aux prochaines élections”. V Kamerhe serait-il le troisième homme comme le soutient RFI? La réponse est “non” pour peu que nous considerions quatre facteurs. Primo, les Présidentielles étant à un seul tour, celui qui aura la majorité simple raflera la mise. Secundo, on se rappelera qu’en 2006 le Kivu avait majoritairement voté pour Kabila. Tertio, le fief actuel de V. Kamerhe est le Kivu. Enfin, l’arrivée “tardive” de VK dans l’opposition ne joue pas en sa faveur , sa longue collaboration avec M. Kabila impliquant qu’une partie de l’électorat lui imputera la gestion du president sortant.

 

 

En conséquence, des candidats potentiels, c’est Kabila qui aura plus à craindre de Kamerhe, susceptible de lui grignoter des voix dans son ancient fief. Alors trouble-fête? Peut-être, mais pour le malheur de ... Kabila.

 Une décennie dans l’entourage de J . Kabila ne s’oublie pas pas comme par une baguette magique. Il faudra plus que que le verbe a V. Kamerhe pour convaincre les sceptiques. Dieu sait qu’ils sont nombreux.

 

 

(L’article fut publié sur le site congoOne.net le 29/06/2011 et l’auteur le met sur le blog en vue de son archivage) 

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24 novembre 2011 4 24 /11 /novembre /2011 15:13

http://szentkoronaradio.com/files/juba.jpg

  http://static.guim.co.uk/sys-images/guardian/About/General/2011/7/9/1310227667272/South-Sudan-independence--007.jpg

C’est l’histoire du petit dernier des pays qui accède à la souveraineté internationale alors que ses voisins du continent en sont à commémorer leur cinquantenaire des indépendances. C’est l’histoire d’un peuple auquel tous les pronostics d’experts ne promettent pas les lendemains qui chantent mais qui au contraire garde sa tête haute, ayant accroché ses rêves aux étoiles. C’est l’histoire d’un divorce fêté avec pompe alors que des points de frictions d'avec son voisin d’"ex" sont légions.


Le pays le plus pauvre du monde. Juba, la capitale du Soudan du Sud avait mis sa plus belle robe le 09 juillet dernier  pour célébrer son   "Independence Day". Et pour l’occasion, la liesse populaire était partout visible. La veille déjà, sur les coups de minuit, tout le pays avait vibré, l’atmosphère passant au carnaval : des défilés spontanés, des salves de rafales tonnaient dans tous les sens, des cris de joie et des acclamations fusaient.


C’est au Mausolée John Garang que des longues processions se sont dirigées au lever du jour "J". Ni le soleil ardent, ni le retard pris par le programme n’ont entamé la patience de la foule qui s’y est donné rendez-vous. Un homme, les yeux inondés de larmes, cache mal son émotion lorsqu’il murmure : "Nous ne sommes pas Arabes, nous sommes Africains noirs." Debout sur ses 2 mètres de taille ou plus, le visage traversé par plusieurs incisions, tout indique qu’il appartient à l’ethnie majoritaire Dinka. C’est parmi eux que l’on trouve les hommes les plus grands du monde.

Mais" le pays des géants" n’en encore qu’un nain économique. L’ancien chef rebelle Salva Kiir ne l’a pas éludé lorsqu’il a martelé les priorités de son gouvernement en quatre points. Combattre la pauvreté car le taux de chômage ici  est le plus grand qui soit. Avec 0,5$ par habitant par jour, c’est le pays le plus pauvre du monde. "Toutes les statistiques nous placent au bas du tableau", rappelle-t-il, sûr que cela incitera ses compatriotes au travail. Autre priorité : lutter contre la corruption, "ce cancer". Le tribalisme sera l’un des casse-tête des nouveaux dirigeants, les Dinka donnant l’impression de s’accaparer de tout : le pouvoir politique, le pouvoir militaire et son corollaire, le pouvoir économique. La criminalité est l’autre dernier défi majeur dans un pays "où la culture de la violence est très implantée, tous les conflits se solvant par la violence".


La RDC représentée par … un gouverneur de province! Alors que la plupart de pays de la région des Grands Lacs étaient représentés à un haut niveau, le Congo avait choisi de faire profil bas et décidé d’envoyer à Juba M. Médard Awutshayi, le gouverneur de la province Orientale. Pour un pays limitrophe qui a plus à gagner en maintenant de bonnes relations diplomatiques avec le pays hôte, cela a de quoi surprendre. Faudrait-il rappeler que le règlement de la question du rebelle ougandais Koni, chef de la LRA qui a semé le deuil et le malheur dans la province Orientale dans plusieurs familles passe par une coopération étroite avec le Soudan du Sud ?


L’ironie du sort a fait que c’est à la veille du crash aérien de Hewa Bora qui a tué 87 personnes et blessé environ quatre dizaines a lieu la veille de l’indépendance du Sud-Soudan, le 8/07/2011 à 14H30 sur l’aéroport de Kisangani. M. Freddy Wani, Directeur des Cliniques Universitaires locales qui ont pris en charge les victimes de la catastrophe, s’est plaint sur BBC des "pannes de courant" et de la "pénurie des produits pharmaceutiques", difficultés logistiques  qui ont rendu sa tâche ardue.


Un autre à la place du gouverneur aurait annulé tous ses rendez-vous afin d’être disponible et démontrer sa solidarité  aux familles sinistrées. Un capitaine du navire abandonne-t-il son navire lorsque son équipage est en péril ? Comment pouvait-il, sachant la perte de tant de vies humaines dans sa province, accepter de se déplacer pour prendre part aux festivités à plusieurs centaines de kilomètres  et avoir bonne conscience? Ailleurs, pareille légèreté lui aurait valu la désapprobation générale et forcé à la démission. Au Congo, la vie continue comme si rien d’anormal ne s’était pas produit.


Cela dit, l’on pourrait se poser la question : qu’est-ce qui justifie la désignation de M. Atwutshayi ? Serait-ce un calcul politique, les yeux rivés sur les prochaines élections où le gouverneur sera un soutien de taille pour le président sortant? Est-ce l’absence de vision géopolitique ou l’amateurisme politique ? Quelles qu’en soient les raisons réelles, il nous a été de voir une fois de plus les preuves de l’effacement diplomatique de la RDC sur l’échiquier international. La présence d’un sous-fifre à un événement d’une telle ampleur sonnait aussi comme un désaveu du ministre des Affaires Etrangères, M. A. Tambwe Mwamba dont le soutien électoral au Maniema n’est plus aussi attendu qu’il le fût en 2006.


Patrice Lumumba avait-il vraiment raison ? Sachant bien que les relations entre le colonisateur (le Soudan) et le colonisé (le Soudan du Sud) étaient troubles jusqu'à la veille de l’événement, le moment que j’appréhendais le plus pendant la cérémonie était le discours de l’homme fort du pays, Salva Kiir, à cause de la présence du chef de l’Etat du pays colonisateur, Omar Béchir, à titre d’ "invité d’honneur".  Mais mes craintes s’avérèrent vaines. Non seulement le discours fut conciliant – il y alla par "mon frère"  pour parler de M. Béchir et déclara que ses compatriotes n’avaient "aucune rancœur malgré toutes les injustices subies". Fait étonnant "l’ennemi commun" des Soudanais du Sud eut même droit à une ovation.


Du coup, je ne pus m’empêcher de songer à la date du 30/06/1960, au Palais de la Nation à Kinshasa, lors de la cérémonie officielle de l’indépendance de la RDC. En présence du Souverain des Belges, Baudouin Ier comme invité d’honneur, le Premier Ministre Patrice E. Lumumba tint un discours discourtois à l’ endroit de la Belgique – c’est un euphémisme. Une question fusait de mon esprit en songeant aux deux événements (celui de Juba et le nôtre) : Patrice Lumumba avait-il vraiment raison de tenir des propos sui virulents ?


Nos historiens, parmi les plus éminents (Elikya Mbokolo et Ndaywel) et les intellectuels congolais ont beau être unanimes  et répondre par l’affirmative, je suis pour ma part plutôt sceptique. On arguera sans doute que "le colonisateur avait longtemps abusé du colonisé". Cela est avéré et les faits sont historiques.  Mais la forme du discours de M. Lumumba n’était pas moins contestable.


Si les abus subis par les populations du Congo et du Soudan du Sud étaient semblables, en comparaison, la RDC n’était pas mal lotie lors de son indépendance. Nous avions au moins quelques infrastructures (des ponts, des centaines de kilomètres de routes bitumées, Lovanium, Fomulac à Tielen, Union-Minière et Forminiere, etc.) Il en était autrement lors de la fin de la guerre en 2005 : le Soudan du Sud n’avait que des pistes pour routes, aucune université, aucune usine, deux ou trois hôpitaux, et c’est tout. Aujourd’hui un visiteur qui ferait Khartoum avant de revenir à Juba n’aurait  sans doute qu’une impression : c’est  comme le jour et la nuit !


Et pourtant, c’est cette population meurtrie qui a fait un triomphe à M. Béchir, un hors-la-loi poursuivi par le Tribunal de la Haye pour Crimes contres l’humanité. Personne n’ignore ici que dans la nuit du 22/05/2011, c’est cet homme qui a envoyé ses troupes dans la ville d’Abye, située à la frontière entre les deux pays et dont le statut reste à déterminer. L’armée nordiste  a mis en fuite plus de 60.000 personnes, brûlant et détruisant tout sur son passage (écoles, maisons, magasins) et faisant plusieurs victimes. Si les dirigeants de ce pays si pauvre et meurtri autant que leurs populations se sont comportés en "gentlemen" face à un homme dont la brutalité est notoire, qu’est ce qui justifiait les propos de M. Lumumba ?


Certains objecteront qu’il n’a dit que la vérité. Cela est incontestable, en effet. Faudra-t-il rappeler que la politique est aussi une science qui a prévu un cadre approprié pour de tels propos ? Lorsqu’une rencontre entre deux parties est qualifiée d’avoir été "franche et sincère", cela signifie que les interlocuteurs n’ont pas évité les sujets qui fâchent et se sont dits les quatre vérités sans faux-semblants. A la différence que cela n’est pas public : cela se passe entre les quatre murs d’un bureau.


A coup sûr, le discours controversé de M. Lumumba est entré dans les annales. Et l’étudiant en Sciences Po que je fus l’ai lu et relu, analysé, décortiqué et exposé, souvent.  J’ai eu à le vanter aussi, sans le relativiser. Mais c’était jusqu’avant mon voyage de Juba.

 


(L’article fut publié sur le site congoOne.net en juillet 2011 et l’auteur le met sur ce blog pour raison d’archivage)

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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 12:34

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S’il ne fallait songer qu’à la récente vague d’émotion qui secoua tout le pays à la rumeur de la supposée mort de l’homme de la 10ème Rue le 10 décembre dernier, on serait tenté d’en déduire qu’il est superflu de se poser la question en exergue. En effet, dans le microcosme politique congolais, rares sont les politiciens à même de lui disputer l’aura qu’il détient. N’était-ce pas de lui notamment qu’il s’agissait dans un éditorial publié au milieu des années 90’ par M. Kin-kiey Mulumba, - pourtant mobutiste à l’époque - et intitulé « le Zaïre n’a eu que deux fils » dans lequel, après avoir passé au peigne fin tout le personnel politique congolais d’alors, il constatait qu’en dehors de MM. Mobutu et Tshisekedi, « les deux fils » qui ont démontré chacun à sa manière charisme et leadership, « tout le reste[ étaient] des sous-fifres » ? A ce jour, la donne n’a presque pas changé, malgré l’arrivée de l’AFDL et l’émergence de JP Bemba. Et pourtant E. Tshisekedi apparaît bien seul aujourd’hui : voilà vingt-huit ans qu’il a commencé sa lutte politique et l’UDPS n’a toujours pas réussi à accéder au pouvoir et rien ne présage qu’il y parviendra dans un avenir proche, preuve par quatre que le parti de la 10ème Rue a du plomb dans l’aile.

 


La vérité est que le parti d’E. Tshisekedi est étonnamment aphone au point qu’il a laissé tout le terrain politique aux gouvernements successifs depuis la chute de Mobutu, empêtré dans des querelles intestines qui le minent, se bornant sur le plan politique à des opérations de type plutôt cosmétiques. Entre-temps le navire RD Congo, à l’instar du Titanic, prend l’eau de toutes parts et coule chaque jour plus profondément: la mauvaise gouvernance érigée en système de gouvernement avec des détournements des fonds qui ne se comptent plus ; aucun effort n’est fourni par le gouvernement pour combattre le chômage ; presque toutes les avancées démocratiques obtenues face à Mobutu (libertés de manifestation et d’expression, ton libre de la presse) n’existent plus ; les injustices sociales toujours plus criantes ; récemment encore le chef de l’état préparait au vu et au su de tous une réforme constitutionnelle controversée. Comment en est-on arrivé là ?

 

 

Sa réputation d’«incorruptible » fait peur. Au milieu d’une classe politique corrompue jusqu’au cou, E. Tshisekedi fait classe à part et représente un cercle vertueux devenu impopulaire puisque la corruption endémique a fini par s’infiltrer dans tous les pans de notre société, de l’hôpital jusqu’à la police, en passant par l’administration jusqu’à l’université, c’est la loi du « tout est possible à condition de s’arranger » qui est en vigueur. Ceci est la voie obligée pour en arriver à nouer les deux bouts. Témoin cette sémantique qui a fini par s’y adapter : on ne vole plus mais on « déplace » plutôt ; la corruption est simplement une « coopération ». Aujourd’hui garder les mains propres c’est « courir le risque » de rester pauvre et cela n’est pas populaire, la course vers l’enrichissement étant la plus prisée. En 1992, l’un des soldats de la DSP envoyé perquisitionner chez E. Tshisekedi à la recherche des armes avait déclaré au journal Le Phare, surpris : «E. Tshisekedi a un salon d’enseignant. Ce n’est pas possible, vu son rang » ! L’homme de Limété mène une vie simple, ce qui, paradoxalement dérange la conscience de ses pairs aux «mains sales » et de ce fait le rend infréquentable.

 


Pour beaucoup, il n’est pas un modèle, réfractaire qu’il est à toute initiative éventuelle de se distribuer « le gâteau », puisque gérer la chose publique en RDC donne toujours l’occasion à chacun d’ « avoir son pourcentage », ce à quoi notre homme se refuse. Pas étonnant qu’il soit traité à tort ou à raison de « dur » ou d’ « inflexible». Reconnaissons-le, avoir à son actif d’avoir résisté au pouvoir corrupteur de Mobutu – pouvoir auquel même des chefs d’Etat des pays puissants n’ont pas résisté- n’est pas donné à n’importe qui. Cela est à son avantage.

 


Le leader de l’UDPS vit dans une tour d’ivoire. Le chef de l’UDPS sort peu et fréquente peu, qu’il s’agisse des ambassadeurs installés à Kinshasa ou des milieux d’affaires. Je ne me rappelle pas avoir lu ou appris qu’il s’est réuni avec des leaders syndicalistes ou les membres du patronat. Ce sont plutôt les ambassadeurs qui se rendent chez-lui. L’inverse devrait être de mise car ceux-ci sont de « renifleurs » qui tâtent le terrain politique à travers des contacts personnels avec des personnalités politiques locales et en informent leurs gouvernements. Leur rôle en période de crise au sommet de l’état et leur soutien peut revêtir la valeur d’une bouée de sauvetage ou même d’Ascension politique, puisque l’ambassadeur peut influencer la position qu’adoptera son gouvernement en vue de soutenir tel ou tel homme politique donné. De même que des préjugés peuvent aveugler le jugement sur quelqu’un avec lequel vous n’avez pas eu d’échanges personnels suivis, de même ne pas les fréquenter les amènera à se contenter de l’opinion de seconde main qu’ils obtiendront du gouvernement ou d’autres sources. N’est-ce pas auprès de ces ambassades-là que les politiciens cherchent asile au cas où leur vie se trouverait menacée à l’instar de J-P Bemba qui chercha asile à l’ambassade de l’Afrique du Sud? Le leader d’un parti politique important se doit non seulement de rencontrer régulièrement les ambassadeurs des pays importants en termes d’investissements effectués dans notre pays mais aussi ceux des pays limitrophes et même solliciter auprès de ceux-ci des audiences auprès de leurs chefs d’état. C’est ainsi qu’il se taille progressivement une carrure de présidentiable. A ne pas non plus perdre de vue : un tête- à -tête avec le chef de l’Etat congolais devrait figurer à son agenda.

 


Le lobbying en action. Les rencontres avec les syndicats et le patronat sont des plus utiles car ce sont des plates-formes de choix pour faire du lobbying et constituent des « laboratoires » où « vendre » ses idées politiques mais aussi ils sont partenaires importants si un parti politique se propose d’infléchir la position du gouvernement sur des politiques économiques en cours ou programmées dans l’avenir ; bénéficier de leur soutien est un plus et constitue toujours une victoire sur le gouvernement. En effet, quel leader politique peut diriger un pays ayant des organisations syndicales liguées contre lui ? Les étudiants et les ONG ne peuvent pas être oubliés non plus. Ne pas fréquenter ces partenaires stratégiques ne peut conduire qu’à l’isolement ou l’ostracisme. Celui qui n’a pas d’amis aura fort à faire au jour du malheur et risque de se retrouver seul, en politique autant que dans la vie de tous les jours.

 


La communication politique est ignorée à l’UDPS. Ne comptez pas sur Joseph Kabila pour communiquer ; piètre orateur (c’est un euphémisme) il ne semble pas non plus à l’aise devant la caméra ni le microphone. Mais Joseph Kabila en a-t-il vraiment besoin vu qu’il dispose déjà de l’objet de toutes les convoitises pour tous les politiciens : le pouvoir ? Il en est tout autrement de ceux qui y aspirent. Ils doivent par contre, eux, « mouiller leur chemise », se faire connaître et faire accepter leurs programmes en en démontrant le bien-fondé, les rendre attractifs pour les éventuels électeurs que sont les foules qu’ils côtoient. Pour cela il faut communiquer et mieux. La communication politique est devenue plus que jamais l’arme absolue pour la quête du pouvoir. La campagne électorale qui a porté au pouvoir Barack Obama, laquelle fut construite autour du slogan-phare « Yes we can » en est l’illustration. Mais que voit-on à l’UDPS ?

 


A l’instar du logo et websites officiels au look démodés et qui ne demandent qu’un lifting, leurs méthodes de communication sont … vieilles. Le chef du parti n’a ni website ni blog pour entrer en contact avec ses sympathisants et échanger avec eux. Idem pour les membres de son état-major. Le parti ne dispose pas non plus de forums disponibles sur Internet pour ses militants, lieu où les gens venant de partout peuvent débattre des questions nationales au cœur du programme de l’UDPS. Idem pour Facebook. Si les gouvernements de Kinshasa réussissent à empêcher les activistes politiques de se réunir afin de débattre des questions politiques, un parti politique peut créer un cadre (website interactif) qui permet d’esquiver cette interdiction. Le journal du parti n’existe pas non plus. Mais une visibilité dans la presse est un moyen de communiquer avec sa base, même à sens unique. C’est pourquoi il est incompréhensible que le leadership de l’UDPS ne tire pas avantage des journaux en ligne tels congoOne ou congoindependant pour se livrer à la presse congolaise à travers des interviews. Un parti qui ne dispose pas d’un journal ni d’une radio et dont le chef ne communique pas régulièrement avec sa base chaque semaine comme le font tous les chefs des partis modernes ne peut que vivre dans l’immobilisme et pas étonnant que les militants de l’UDPS soient perplexes et déboussolés au vu de ce qui se passe à la tête de leur parti actuellement.

 


E.Tshisekedi n’effectue plus des tournées régionales. L’UDPS peut se prévaloir, grâce au charisme de son leader et à des décennies d’existence sur terrain, d’être l’un des rares partis politiques à caractère national. Malheureusement les responsables de l’UDPS semblent ne pas capitaliser sur cet avantage non négligeable : la dernière tournée interprovinciale de M Tshisekedi date de l’ère Mobutu, c’est- à -dire de plus de 10 ans ! Même les communes de Kinshasa, lesquelles constituent un échantillon de la population congolaise n’ont pas reçu sa visite pendant la même durée ! Facile de comprendre pourquoi ses troupes sont démobilisées. Une tournée pour un leader politique de cette trempe est un moyen de rassurer sa base et de l’élargir en même temps. Une tournée régionale permet au leader de tâter le pouls du pays, d’évaluer sa popularité, de présenter son programme politique à d’éventuels électeurs et pourquoi pas aussi de faire la différence avec ces partis politiques alimentaires qui fleurissent de nouveau et dont la portée est juste à un jet de pierre. Un parti dont le chef ne communique pas en se rendant sur terrain ne peut que vivre de rumeur et ne peut que perdre son élan. Le séjour de M. E.Tshisekedi en Europe devrait être mis à profit pour aller à la rencontre des milieux d’affaires occidentaux autant qu’aux membres de la Diaspora. Ces derniers ne constituent pas moins un public à convaincre et c’est de la responsabilité d’un leader de parti que d’être en campagne en permanence s’il le faut.

 

 

Renouveler sa base par le recrutement. Une raison importante de la valeur de ces tournées est de favoriser le recrutement de nouveaux membres du parti. Or il est à savoir que l’électorat se renouvelle rapidement à cause d’une démographie élevée en cours en RDC. Pour preuve, les jeunes qui voteront pour la première fois l’an prochain (ceux qui auront 18 ans révolus en 2011) sont nés en 1993, soit après la CNS ! C’est- à -dire qu’ils ne connaissent pas du tout le leader de l’UDPS, ou très peu car nés et grandis pendant la période où l’UDPS semble s’être rangé, devenu docile et peu actif et il devrait aller vers eux pour se faire connaître et les persuader de lui faire confiance car ce combat n’est jamais gagné d’avance, la compétition étant toujours farouche. Ne pas se présenter dans les différentes villes du pays, que ce soit pour des raisons de sécurité ou des raisons financières, c’est non seulement se couper de sa base mais aussi courir le risque de perdre les sympathisants qui s’y trouvent.

 


E. Tshisekedi manque une éminence grise. La volonté de tout un chacun d’améliorer son statut social dans un pays où le chômage et la pauvreté sont généralisés a poussé beaucoup d’intellectuels autrefois affiliés à l’opposition à aller rejoindre le pouvoir et nombre d’entre eux se retrouvent aujourd’hui soit à la Présidence de la République comme conseillers, dans les cabinets ministériels ou même à la tête des entreprises publiques. Puisque leurs idées valent de l’argent ils mettent leur savoir-faire au plus offrant … Eux partis, l’UDPS se « débrouille » avec ceux dont il dispose. Il est clair que le départ de ces esprits brillants a laissé l’UDPS orpheline. S’il est vrai qu’un leader du parti a la vision politique il est tout aussi vrai que faire face à la gestion quotidienne d’un parti de cette envergure n’est pas une sinécure et nécessite d’autres compétences. Le parti aura besoin d’hommes qualifiés pour entreprendre des stratégies nouvelles ; réagir face à une mesure donnée émanant du gouvernement et en démontrer l’inutilité ; effectuer une étude ou établir un rapport sur une question d’envergure nationale ou internationale ou simplement préparer la rencontre entre le chef du parti avec des tiers. Un pool de conseillers compétents dans divers domaines (droit, science politique, économie, finances, démographie, statistiques, diplomatie, etc.) est des plus nécessaire.

 


Les seuls critères pour figurer dans l’entourage d’un chef de parti ne sont pas la fidélité et l’intégrité. D’autres compétences pointues sont indispensables. C’est alors qu’il saute aux yeux que E. Tshisekedi manque une éminence grise, cet homme (ou femme) expérimenté, ayant des connaissances encyclopédiques et des entrées dans les milieux politiques ou scientifiques, maîtrisant les grands dossiers politiques et économiques sur les bouts des doigts et à même de guider son chef avec compétence et discrétion. A celui-ci il serait demandé par exemple un rapport de sortie de crise dans laquelle le parti s’empêtre, document que l’entourage actuel de Tshisekedi semble incapable de concocter. Est-il vraiment difficile de recruter cette tête rare, ce Karl Rove congolais parmi le corps académique des nos Universités ou parmi les membres de la Diaspora?

 


Entre-temps, la cacophonie qui nous vient de la 10ème Rue nous révèle bien des choses sur la qualité des proches collaborateurs de M. E. Tshisekedi, tout au moins ce que valent bon nombre d’entre eux. Lequel des membres du gouvernement-fantôme du parti d’aujourd’hui ou d’hier – appelés Secrétaires Nationaux - a su maîtriser les dossiers de son « portefeuille » au point soit de formuler des critiques convaincantes à l’endroit du gouvernement ? Pourquoi, depuis que toutes ces divergences minent leur parti aucune suggestion indiquant la sortie de crise n’a émergé, mais au contraire tels des enfants ils se tirent les uns les autres à boulets rouges, faisant semblant d’oublier que c’est le gouvernement qui devrait être leur cible de choix? S’ils ne peuvent pas résoudre de façon responsable leurs propres divergences mais plutôt les mettent sur la place publique, comment peuvent-ils arriver à surmonter des obstacles beaucoup plus complexes et de manière responsable une fois au gouvernement demain? D’autre part, lequel de ces hommes et femmes qui se battent de Righini à Limété a su réunir l’unanimité autour de lui au point de faire dire aux membres de l’UDPS, confiants : «celui-là nous fera gagner aux prochaines échéances électorales»?

 


Tant de carences, tant de bafouillages, tant d’immobilisme ne sont pas dus au hasard mais plutôt révélateurs de ce qu’est l’entourage du président de l’UDPS aujourd’hui : composé de gens peu rompus aux subtilités politiques et qui font étalage de leur amateurisme qui semble être le bien le mieux partagé dans notre paysage politique. Puisqu’on dit que la qualité d’un bon chef dépend (aussi) de la qualité de son entourage, la qualité de la sauce nous servie depuis Limété ne peut que dépendre des ingrédients dont dispose le leader de l’UDPS ...

 

 

L’UDPS n’est pas (encore) une machine électorale. Dans un espace démocratique, les élections sont la voie autorisée pour une alternance et l’accès au pouvoir. Encore faudrait-il les gagner. Cela exige la présence d’un parti organisé et bien structuré ainsi que des troupes mobilisées derrière leur chef, ce qui est loin d’être le cas des troupes d’E. Tshisekedi. Lorsque ce dernier fut relégué à Kabeya Kamuanya c’était le silence radio à l’UDPS. De même lorsque Z’Ahidi Ngoma a « driblé » le véritable leader de l’opposition pour être le Vice-président de l’opposition pendant la Transition avec la formule 4+1. Lorsque la CENI a rejeté la demande d’enregistrement des sympathisants de l’UDPS avant les élections en 2006, c’était le calme plat à la 10ème Rue. Or un parti dont les troupes sont organisées et mobilisées, à l’image du parti de l’opposante birmane Aung San Suu Kyi, se rappellera au souvenir des dirigeants en pareille circonstance et soit le fait reculer ou obtiendra des concessions significatives. S’empresser d’aller aux urnes sans veiller d’abord à cette donne revient à un suicide politique tant le réveil risque d’être brutal.

 

 

Que Monsieur E. Tshisekedi soit un monument politique en RDC, cela est incontestable. Mais que celui-ci soit plongé dans l’immobilisme, cela est évident aussi, à cause des erreurs stratégiques et des facteurs liés à la conjoncture nationale qui, une fois corrigés, ne manqueront pas de le voir rebondir sur la scène politique congolaise.

 

 


L’article a été publié sur CongoIndependant.com le 10/05/2010 et est en en ligne pour raison d’archivage.

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