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15 novembre 2011 2 15 /11 /novembre /2011 09:32

 

http://rmcommunication.files.wordpress.com/2011/11/tshisekedietienne.jpgSuicide politique, lapsus, provocation ? Que non ! L’homme n’est pas devenu fou. Au contraire, il reste bien cohérent avec lui-même. Si après ses propos de dimanche 6 novembre sur RLTV qui ont soulevé le tollé tant dans les milieux extérieurs que gouvernementaux il "a remis ça" à Kisangani, c’est qu’il a une bonne raison de le faire.  Devrions-nous alors prendre son discours à la lettre ou nous en tenir seulement à son esprit, autrement dit aux sous-entendus? Tentative de réponse.

 


1) Ayant conscience de l’hypocrisie de la communauté internationale, Tshisekedi prend ses dispositions. Depuis plusieurs jours un bras de fer oppose l’opposition au gouvernement au sujet de sympathisants de l’UDPS qui ont été jeté en prison au motif qu’ils auraient troublé l’ordre public, ce que dément la 10ème Rue. Malgré les nombreuses démarches et mises en garde de cette dernière, le ministère de l’intérieur est resté inflexible et muet. Aux yeux de Tshisekedi cependant, non seulement cela est une preuve de mauvaise foi, mais aussi un "casus belli". On aura noté que lors de ses dernières interventions il est souvent revenu sur le cas de ses "combattants" emprisonnés.

 


Si le gouvernement a accordé une fin de non recevoir aux nombreuses sollicitations de l’opposition, il serait étonnant que le corps diplomatique occidental présent en RD Congo ne l’ait pas su. Les diplomates accrédités à Kinshasa n’ignorent pas non plus comment la CENI a, en refusant de rendre possible l’audit du fichier électoral, rejeté tout compromis avec les opposants. Nous ne citerions pas le refus du gouvernement de laisser la communauté internationale s’impliquer comme en 2006 en certifiant par exemple les résultats des élections. A moins d’être un aveugle, il saute aux yeux que le décor est plante pour un tripatouillage électoral éventuel. Cela aussi, les ambassadeurs occidentaux le savent. Mais curieusement ils se taisent. Pour Tshisekedi, c’est sans doute un silence coupable, prémonitoire de leur silence à venir après la tricherie. Et l’opposition n’aura que ses yeux pour pleurer.

 


L’homme de Limete est bien au courant de toutes ces évolutions et sait qu’il ne pourra pas compter sur la communauté internationale que le régime Kabila mettra devant un fait accompli. L’ONU, L’UE, L’UA, la CPJ ou le FMI ne changeront rien aux résultats des élections.  Cette communauté internationale a des critères à géométrie variable. Le sort de Kadhafi et celui du dirigeant Syrien qui tue son propre peuple chaque jour n’a pas été le même. George Bush n’a pas eu le même sort du président soudanais Omar Béchir du Soudan. Nelson Mandela avait bel et bien créé le célèbre "Umkhonto We Sizwe", l’aile militaire de l’ANC. Cela ne l’a pas empêché d’obtenir le Prix Nobel de la Paix.  Demain, l’opposant historique se retrouvera seul avec ses "combattants". C’est sur eux seuls qu’il pourra compter. C’est pour cela qu’il les ameute aujourd’hui en prévision de la grande confrontation à venir.

 


2) Tshisekedi n’est pas un candidat du "système". Pour un politicien du paysage politique congolais, l’opposant historique est un politicien atypique. Il n’a jamais joué sur la fibre ethnique ni tribale. Sa popularité, il ne la tient pas du fait d’avoir été ministre ou parlementaire. Elle dérive du courage et de la constance de ses convictions, ce qui est rare parmi nos politiciens dont l’opportunisme est un sport national. En écoutant le discours apparemment va t’en guerre qu’il tient aujourd’hui, on retrouve le Tshisekedi des débuts,  on pourrait dire : "he is back to the basics ". La grande particularité ici est qu’il défie le pouvoir de l’intérieur (à la différence des hommes comme Honoré Ngbanda qui mènent leurs activités à partir de l’extérieur). Ce n’est pas pour rien que l’essentiel de sa carrière d’opposant, il l’a mené de l’intérieur et nombreux d’entre et nombreux sont ceux qui lui ont reproché de ne pas avoir des amis au sein des instances économico-politico-financières internationales.

 


Si la cible de son discours n’a jamais été la communauté internationale, sa préoccupation ne l’a jamais été non plus. C’est l’homme de la rue qui l’intéresse, celui qui s’esquinte chaque jour pour nouer les deux bouts du mois. C’est pourquoi le tollé de protestations qui a suivi ses déclarations ne l’atteint pas. Il n’en a cure. Qu’il fût le produit du "système", il serait affecté. Mais lui ne fait pas partie de "l’establishment". Il court le risque d’être taxé de populiste. Son langage n’est pas aussi conventionnel, "politiquement correct". Il fait la politique de proximité. Il aurait bien pu habiter Kimbanseke ou Ngiri-Ngiri, cela ne le dérangerait pas. Il se sent proches de ces gens. Et leurs préoccupations lui tiennent à cœur.

 


3) Pour Tshisekedi, le seul langage que Kabila comprend est celui de la force. Aussi s’emploie-t-il afin que la peur change de camp. L’un des proches de Joseph Kabila, M. Kikaya Bin Karubi, l’avait avoué à l’ambassadeur US William Garvelink : seule la force fait gagner les élections en Afrique. Et non les urnes, qui elles servent pour la consommation extérieure. La présence des "Pomba" qui terrorisent les habitants de Kinshasa en est probablement une concrétisation. Que les policiers aient tabassé, blessé, arrêté voire tué certains des manifestants qui se présentaient chaque jeudi face à la Poste de Kinshasa en est une autre. Pour Tshisekedi donc, tant que les populations ont peur, le régime a des beaux jours devant lui, et avec lui la brutalité et l’arbitraire. Il veut que les choses changent. "Il faut terroriser les terroristes", clame-t-il. Il espère qu’on parvienne ainsi à une sorte "d’équilibre de la terreur". Alors les instigateurs de trouble réfléchiront par deux fois avant de malmener des paisibles citoyens.

 


Mais l’homme garde ses pieds sur terre et se garde de franchir la ligne rouge. Est-ce pour cela qu’il préconise non pas l’offensive mais plutôt la légitime défense seulement? Il continue la pédagogie de ses sympathisants, conscient de l’effet multiplicateur de la campagne électorale qui constitue pour lui une tribune d’où ses propos sont répercutés  aux quatre coins du pays, malgré la suspension de la RLTV. C’est après la publication des résultats des élections que l’on jugera si ses "combattants" ont intériorisé les paroles de leur leader ou non. Si oui, en cas du tripatouillage, on se dirigerait sans doute vers, non pas le schéma ivoirien comme le pensent beaucoup, mais celui qui a vu Roilla Odinga battre le rappel de ses troupes, au Kenya …

 

 

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11 novembre 2011 5 11 /11 /novembre /2011 12:13

 

 

http://www.mediacongo.net/docs/images/2010/tshisekedi_10_03.jpgJoseph Kabila peut se frotter les mains. L’impair commis par son adversaire le plus coriace dans un entretien à RLTV est une manne tombée du ciel  dont il veut tirer le maximum de profit, lui dont la campagne électorale se déroulait jusque-là dans un quasi anonymat. Mais parviendra-t-il à "enterrer"  Tshisekedi vivant ou celui-ci rebondira-t-il dans l’opinion après ce lynchage médiatique dont il est victime ? Les prochains jours et semaines nous renseigneront. En attendant, à la radio, télé ou sur la toile, l’événement est archiconnu: "Tshisekedi s’est autoproclammé président de la République!". Même Honoré Ngbanda dont on ne sait pas s’il le fait pour s’attirer les bonnes grâces de Kabila, se régale et relaie l’information. Mais qu’avons-nous appris à travers tout ce “buzz” autour de l’homme de Limete?

 

 


1)  En permettant le lynchage médiatique de Tshisekedi, le gouvernement va plus loin. Depuis dimache donc, l’inspiration est à l’oeuvre auprès des membres du gouvernement. Ne pensez pas pas que c’est pour trouver des solutions aux problèmes des congolais mais c’est pour les faire rire, les distraire. Chaque jour qui passe chaque ministre nous présente son oral qu’il a “bûché” a l’ANR, histoire de tirer le cas en longueur. Ceux qu’on ne voyait pas alors que les tueries des manifestants se faisaient sur le Boulevard du 30 Juin, face à la Poste Centrale, A Kinshasa  ou Lubumbashi ou encore Mbujimayi se rappellent soudain à notre bon souvenir. ILs sont “choqués”, crient au “scandale”. Depuis dimanche, nous dissent-ils, le pays est en danger. Et ils veulent nous protéger. Comme dans un mauvais polar, ils nous parlent du mauvais flic (Tshisekedi) et du bon flic (Kabila). Puisqu’ils jouent ainsi à la comédie (et mal), on finira par les prendre au sérieux, et les prendre pour des (mauvais) acteurs d’un film de serie B. Personne ne peut-il pas siffler la fin de la récréation et rappeler leurs excellences à leur responsabilités?


 

2) Plus que les propos de Tshisekedi, ce qui suscite l’émoi, c’est le vide médiatique de l’opposition. Depuis dimanche on n’entend qu’un seul son de cloche: “Tshisekedi incite à la violence!”, “Tshisekedi s’est autoproclammé president de la Republique! “ Et en face, l’opposisition est groggy, KO, incapable de trouver (apparemment) une voie de sortie. Elle oublie qu’à force d’entendre la même rengaine, même si elle est fausse, on y prête foi! Beaucoup de Zairois d’hier ne reprenaient-ils pas les propos de Mobutu stigmatisant l’existence d’une opposition puisque Mobutu et Ngbanda nous répétaient à longueur de journées “qu’il ne peut y avoir deux chefs dans un même village”?


 

Certes qu’il y a eu ici et là quelque timides réactions. Le problème ici est une guerre de communication. Il ne consiste pas à réagir pour réagir mais de le faire efficacement, dans les media accessibles à la majorité de nos concitoyens qui écoutent ce que leur disent Mende et TopCongoFm. Si l’opposition veut se présenter comme une force d’alternance, ses membres doivent démontrer qu’ils peuvent travailler (et réagir) sous pression. Et bien le faire.

 


3) Une presse spécialisée dans du “copier/coller”. Cette mini-crise a donné l’occasion au monde de voir à quel point les media congolais manquent de véritables professionnels d’information. De même que Kinkiey Mulumba et « Le Soft »  avaient relayé aveuglement la version du gouvernement dans “ l’affaire Chebeya “ au point de se faire ridiculiser par la suite, de même presque tous les journaux sont tombés dans le piège de la facilité. Pas de recoupement. Aucune vérification. Rien. Ils ont pris le raccourci de l’amateurisme, au “copier/coller”. Personne ne s’est demandé: “comment peut-il se proclammer chef d’Etat et pourtant vouloir se rendre à Kisangani pour battre campagne?”, “Cela ressemble-t-il à ce que nous connaissons de l’homme de faire des coup d’Etat?”, “Un juriste de formation ira-t-il jusque là?”. En reprenant la version gouvernementale, ils ont menti  l’opinion et doivent aujourd’hui se dédire. Même RFI qui prenait au début la précaution de préciser que c’était “selon les autorités de Kinshasa” a finalement rejoint le concert de la médiocritéet et manqué de professionnalisme. A force de les écouter et de les lire, on a fini par les croire. Quel gâchis!


 

4) Le futur politique de Tshisekedi se jouera en deux petites semaines.Lorsqu’on écrira l’histoire de cette campagne électorale, il y aura un “avant” dimanche 6 novembre et un “après”. L’issue de la compétition électorale dépendra aussi de la capacité des strategistes de l’opposition à réagir sous pression autant que de la capacité du candidat Tshisekedi d’encaisser les coups et convaincre les indécis.  Le débat doit se faire autour du bilan du gouvernement (d’une part) et des propositions de l’opposition (d’autre part). Privé de la visibilité que lui offrait la RLTV, son image ayant été ainsi écornée dans l’opinion, Tshisekedi  donne d’avancer a l’aveuglette. Saura-t-il rebondir en deux semaines et nous surprendre?


 

Si les présidents americain Bill Clinton et celui de FMI, DSK qui avaient pourtant commis des fautes ont plutôt “‘survécu”, on ne saura pas étonné que Tshisekedi, qui n’a commis qu’un “ lapsus linguae “, y parvienne. Aussi sa première étape de Kisangani sera la plus déterminante. Ses capacités de persuasion et de communication sera plus que  sollicitées. Son sens de leachership aussi. S’il est connu comme un homme charismatique, c’est maintenant le temps de le démontrer. L’opinion est versatile. Elle prend en sympathie celui qui est victime d’injustice. Les frasques de Mende et ses amis peuvent se retourner aussi contre eux. Et contre leur candidat.

 


5)  Une personnalite se bâtit toute une vie durant et non après une seule déclaration. L’une des “ennemis les plus chers” de Tshisekedi, Colette Braeckman, a dans un lynchage mediatique mémorable (eh oui, un autre!) reproché a celui-ci de “ ne pas avoir avalisé un coup de force contre Mobutu en 1992 “ au plus fort des pillages de Kinshasa en 1992, “ alors que les regards des occidentaux se tournaient vers Tshisekedi et attendaient un geste de sa part” . Cet homme qui n’était pas putshiste au faite de sa gloire va-t-il le devenir au soir de sa vie et en pleine campagne électorale dans laquelle il s’est tant investi?

 


Quand un journaliste ou n’importe qui se met à évaluer un individu, on le fait sur base de ce que nous savons globalement de l’individu et non sur base des faits hors de leur contexte, qui ne cadrent pas avec ce qu’est la personne en general. Un journaliste professionel doit pouvoir examiner l’information à la source. RFI et tous les media congolais ont failli. Il est possible que le flottement qu’il y a eu à l’UDPS pour récadrer les déclarations entendu sur RLTV ont ouvert une brèche dans laquelle s’est engouffré Mende et la Majorité Présidentielle. La présence d’un  Directeur de campagne se fait plus que sentir.

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27 octobre 2011 4 27 /10 /octobre /2011 13:18

Examinées de près, les trois dernières sorties publiques du président congolais  (le dépôt de la candidature à la CENI, Le discours-bilan de Kingakati ainsi que la conférence de presse) n’étaient pas que de simples événements officiels. Ce furent aussi des opérations de relations publiques conçues avec un objectif double. D’abord corriger la perception générale que l’opinion s’est faite du président-sortant ("taciturne", "inculte", "toujours encadré par des souffleurs", "autoritaire", etc.). Ensuite, "vendre" au public  l’image d’un Kabila newlook: un homme jeune et intelligent, un dirigeant qui sait communiquer et qui ne gouverne pas seul. Voyons cela concrètement.

 

1) Casser l’image très répandue d’un "président inculte". En RD Congo, le paraître prime sur l’être et cela se voit chaque jour. Pour impressionner, on aime afficher sa réussite, brandir ses diplômes, exhiber la griffe de ses fringues, invoquer ses relations – réelles ou imaginaires, etc. Aussi, pour un pays qui compte un nombre incalculable de diplômés d’université, il ne fait pas bon être perçu comme "non instruit", surtout lorsqu’on exerce –ou sollicite un emploi en vue. J-P Bemba qui en était conscient a voulu certainement en tirer avantage lors des présidentielles 2006 par des déclarations comme celle-ci: "Moi, je suis marié, j’ai fait des études et j’ai des diplômes". Le "Petit Kabila illustré" publié dans un numéro de Jeune Afrique  d’il y a quelque temps était certainement une erreur de casting: comment oser révéler que Joseph Kabila aimait les jeux vidéo? Ça ne fait pas très intello, ça! Mais son refus systématique des interviews avait fait de lui, "un président qui ne communique pas", ce qui n’est pas pour arranger les choses.

 

Mais ne croyez pas que tout le monde est de cet avis. Kinkiey Mulumba, par exemple, a beau affirmer dans « Le Soft » que "le président Kabila apprend vite", il ne trompe personne. D’abord 10 ans d’exercice de pouvoir est en soi une période suffisamment longue pour que l’emploi du mot « vite » ne se justifie pas. Ensuite pour E. Tshisekedi, le principal challenger de J. Kabila aux élections du mois prochain, "la raison derrière la révision constitutionnelle qui a supprimé le 2ème tour est l’incapacité de M. Kabila de supporter un débat contradictoire". Que le chef de l’Etat eut appris "vite", ce genre de critique ne lui serait pas fait aujourd’hui.

 

Un "lifting" s’imposait donc. Et il vint sous le prétexte d’une conférence de presse tenue à Kinshasa le 18 octobre dernier. La formule n’était pas pourtant originale : trier des journalistes au volet, les "motiver" et les prier de soumettre leurs questions une semaine à l’avance. La sobriété du cadre était de rigueur aussi : décor bleu, siège rouge, des bouquets de fleurs et un homme assis devant une table, seul, faisant face à la meute d’hommes de media. L’interviewé devrait veiller à rester positif, à fixer ses interlocuteurs, à truffer ses propos d’humour, etc.

Ce tour de force réussi visait à convaincre l’opinion que c’est LUI qui dirigeait et il EST capable. Comme preuve, les conseillers en communication pourraient nous dire : "N’a-t-il pas répondu à n’importe quelle question pendant trois heures d’affilée, les unes difficiles que les autres ? Voyez vous-même, il n y a ni "souffleurs", ni conseillers autour. D’ailleurs il ne lit rien car tout se trouve dans sa tête. Donc il EST intelligent. Et ne l’aviez-vous pas entendu défier les journalistes sur leur propre terrain, déclarant que le jour où il ne serait pas à la tête du pays, il travaillerait peut-être comme journaliste ? Peut-on être inculte et pourtant vouloir être journaliste ? Avez-vous déjà vu, vous, un journaliste inculte ?"

 

2) Cultiver l’image du dirigeant qui ne gouverne pas seul. Beaucoup d’ex-Zaïrois se rappelleront ces propos du Marechal Mobutu : "Le Président-Fondateur n’est pas un magicien. Seul, il ne peut rien. Avec l’appui du peuple il peut tout". C’est connu, un dirigeant autoritaire n’a pas bonne presse. Mobutu n’était pas un démocrate, loin s’en faut. N’avait-il pas fait du « mobutisme » (ses idées et pensées) une source de loi ? Il n’empêche, en vue d’obtenir l’adhésion de la population, même les dictateurs sont obligés de lui donner l’illusion qu’elle participe aussi à l’avancée des choses dans le pays. D’où l’usage du parallélisme des idées ("seul"…"rien" ; "peuple"…"tout") mais aussi l’opposition des termes péjoratifs ("seul", "rien") et positifs ("peuple", "tout"). Qui ne se sentirait pas flattéde s’entendre dire que ses efforts sont appréciés par une personne jugée supérieure ?

 

De même, les conseillers de Joseph Kabila ont compris que, pour favoriser la cohésion du dirigeant d’avec les populations et montrer qu’il n’est PAS le centre de toutes les décisions, certains termes étaient à utiliser avec parcimonie ("je", "moi", "mon") tandis qu’il lui fallait abuser d’autres ("nous", "nous tous", "ensemble", "le peuple", etc.). Résultat, sur les affiches autant que dans ses allocutions, ces termes reviennent désormais comme un refrain. Autre exemple : "si la CENI décidait qu’on aille aux élections, on y va" ! Traduction : La CENI est indépendante. Moi aussi je me soumets à ses décisions. Si ELLE décide, eh bien je lui obéirais.

 

3) Défendre le bilan du quinquennat.  Une campagne électorale voit souvent s’affronter les détenteurs du pouvoir de qui on attend qu’ils présentent et défendent leur bilan, et l’opposition qui elle, aspire à l’alternance, insistant sur les ratées de l’équipe en place. Les uns s’ingénient à prendre le dessus sur les autres, histoire d’obtenir plus d’adhésion et provoquer l’antipathie pour les rivaux. Pour J. Kabila, les "5 Chantiers" est la colonne vertébrale de sa campagne qui se greffera dessus. Deux démarches sont déjà visibles de sa part : la défense de son bilan ("Nos réalisations sont visibles, même si elles sont incomplètes") et l’offensive contre l’opposition ("Dans ce pays, nous avions perdu 40 ans à ne rien faire").

 

Alors, le Joseph Kabila nouveau est-il arrivé ? Il est très tôt de répondre, tant les effets d’une stratégie de communication demandent du temps pour être perceptible ou non sur le terrain. Wait and see donc. Néanmoins une observation peut d’ores et déjà être émise. Nous avons ici  affaire à un secteur où le camp présidentiel a une longueur d’avance sur l’opposition (l’UDPS en l’occurrence) qui de toute évidence, n’a jamais fait appel aux services des conseillers en communication, préférant se fier à son intuition, avec parfois des conséquences désastreuses. Tenez.

 

Dans les années 1990’, les mobutistes avaient monté une campagne de dénigrement contre le leader de l’UDPS dans laquelle ils qualifiaient celui-ci d’être "conflictuel". On ne vit jamais une stratégie du parti de Limete de vouloir contrecarrer ces abus, oubliant qu’en pareille circonstance si rien n’est fait, on finit par croire ce que l’on entend. Il y a environ trois ans, une folle rumeur selon laquelle "Tshisekedi est mourant" a fait le tour du monde. Vérification faite, elle a été favorisée par la diffusion d’une photo prise dans des circonstances qui n’étaient pas appropriées pour un leader d’opinion. Récemment, l’allusion à la limite de l’intox faite par V. Kamerhe au sujet du "contentieux" que Tshisekedi aurait "avec le Kivu" s’explique par un autre déficit de communication politique à la suite d’un voyage effectué au Rwanda en 2002.

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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 16:29

 

Une fois de plus, le dicton selon lequel  "Le sort des dictateurs est toujours le même : s’ils ne sont pas simplement chassés du pouvoir, ils seront jetés en prison ou assassinés" s’est vérifié avec la fin brutale de Mouammar Kadhafi, l’ancien dirigeant libyen. Une fois de plus, il nous a été donné de voir des images pitoyables de ce qui restait d’un homme qui, il y a encore peu, faisait trembler le monde, diffusées en boucle juste pour tuer le mythe. Une fois de plus, des questions fusent de partout : comment ne l’a-t-il pas vu venir ? Pourquoi n’est-il pas parti plus tôt ? D’où la nécessité de chercher à comprendre comment réfléchissent les dictateurs.

1) Les dictateurs souffrent du déni de la réalité. Qu’ils proviennent d’Argentine, de Corée du Nord, du Zimbabwe ou des bords du fleuve Congo, les dictateurs se ressemblent en beaucoup de points. L’un d’eux est leur déni de la réalité. Ils vivent dans une bulle, coupés du monde qui les entoure et ne voient que ce qu’ils veulent bien voir. Ceci est pure paradoxe lorsqu’on songe à tout l’attirail de sécurité dont ils disposent : des études de prospective, des espions, des moyens électronique de surveillance, la propension à la corruption, etc. En conséquence, ils ne "voient" pas quand le danger les guette et que leur maison commence à brûler.

Laurent Gbabo, bien que lâché par tous ses appuis et encerclé par les troupes de FARCI, se voyait encore un avenir à la tête de la Côte-D’ivoire et refusait tout compromis. Kadhafi n’a pas "vu" que le siège de Syrte par les rebelles de CNT signifiait que désormais la seule issue possible  pour lui résidait, comme le disaient les Romains de l’Antiquité, dans la fuite. Honoré Ngbanda raconte dans son livre "Ainsi sonne le glas. Les derniers jours du Marechal Mobutu" l’entrevue surréaliste entre l’ambassadeur Bill Richardson, envoyé spécial du président américain Bill Clinton au cours duquel Mobutu s’est entendu dire en des termes on ne peut crus de "quitter le pouvoir au profit de L-D. Kabila" et qu’en contrepartie sa sécurité ainsi que celle des siens serait assurée. Mais contre tout bon sens, il rejeta l’offre. "Le lendemain", écrit Ngbanda," Kisangani tombait" ! Que cet homme atteint d’une maladie incurable, dont les troupes étaient en déroute sur le terrain et tous les amis tournaient casaque n’ait pas "vu" que les carottes étaient cuites est simplement effarant.

2) Les dictateurs sont "des grands enfants". C’est la conclusion à laquelle nombre de psychanalystes ont abouti. Pour l’algérien Abdallah Bouhamid, "un être tyrannique est à tout point semblable aux enfants qui n’ont jamais quitté la phase égocentrique de leur comportement psychologique et intellectuel. Il veut tout pour lui et ne veut partager avec personne". L’ex-empereur Bokassa de Centrafrique avait même acquis le monopole pour l’approvisionnement des écoles du pays en uniformes scolaires ! Le montant de l’argent détourné par Mobutu équivalait à la dette extérieure du Congo, laquelle se chiffrait en milliards de dollars. Les dictateurs ressemblent à des enfants bloqués à ce stade de croissance, à l’âge ingrat.

Enfants certes, mais pas n’importe lesquels : enfants gâtés, qui ne se refusent rien. C. Janssens, le gendre belge de Mobutu relate dans "A la cour de Mobutu" comment son beau-père fit affréter le supersonique Concorde depuis Paris juste pour livrer le gâteau de mariage à sa fille qui célébrait son mariage à Kinshasa. Dans le même ouvrage il dit avoir été témoin d’un banal repas pris par Mobutu et sa suite de garde-corps dans un restaurant parisien. La facture était salée : 18.000 $ !

3) Les dictateurs souffrent de narcissisme. C’est un "trouble psychiatrique caractérisé par une surestimation de ses capacités, un sentiment d’être unique, un besoin d’être reconnu comme exceptionnel". A ses yeux, il est le centre du monde. Le calendrier officiel Nord-Coréen débute à la naissance de Kim Il Sung, le père du dictateur actuel. Le narcissisme s’observe dans des titres ou noms qu’ils arborent : Marechal, Empereur, Président-Fondateur, le Pacificateur, Mzee. Le dirigeant Nord-Coréen cité plus haut était surnommé "Père éternel".  Quoique d’un niveau intellectuel moyen, le Marechal Mobutu avait fait du « mobutisme » ("les pensées et idées du Président-Fondateur") une source de loi pour diriger non pas sa famille mais un si grand pays qu’est le nôtre. Kadhafi avait fait éditer « le petit livre vert »…

4) On retrouve une dimension messianique chez les dictateurs. Ce qui signifie qu’ils se considèrent comme investis d’une mission.  Ils se voient les protecteurs ultimes de la nation. "Après moi le chaos !”, "Après moi le déluge !" clament-ils.  Aussi ne comprennent-ils pas ce qui justifie la présence des opposants dans leur pays. Ceux-ci ne sont plus ni moins que des "ennemis de la nation" et traités comme tels. Malgré ses 25 ans de pouvoir, le président ougandais Museveni a choqué ses compatriotes en déclarant l’année écoulée qu’il ne voyait personne qui soit qualifié pour le succéder au sein du NRM, le parti au pouvoir !

5) Nombre de dictateurs sont des psychopathes. Hypothèse ancienne comme le monde, elle est présentée pour expliquer la déraison politique et le haut degré de méchanceté qui caractérisent ces hommes. Si on l’a dit de Caligula ou de Néron de la Rome Antique, on le dit aujourd’hui de Mugabe ou du président syrien qui tue son propre peuple sans s’en émouvoir. Les gens se demandent : sont-ils sains d’esprit ou normaux ?

Le psychanalyste libanais Chawki Azouri pense que le profil du psychopathe est celui de" l’enfant dont le père est symboliquement absent". Ainsi, en allant de plus en plus loin dans le mal, il ne cherche qu’à atteindre les limites que son père (absent) n’a pas pu lui fixer. Exemple : "en prenant des risques en conduisant sachant qu’il peut se faire tuer, un psychopathe cherche la limite ultime qu’il veut dépasser : la mort. Celle-ci devient, non pas une menace ou une punition mais une solution, un dénouement. De même, le dictateur réfléchit de cette façon quand il tue son peuple. La mort de milliers de personnes, même sa propre mort, ne lui font pas peur puisque cette mort n’est qu’un moyen pour lui de dépasser les limites de l’interdit".

 

 

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19 octobre 2011 3 19 /10 /octobre /2011 10:19

 

Même s’il a été établi que l’ambition ne peut à elle seule catapulter un homme au sommet d’un Etat démocratique, ils n’y croient pas. Et pourtant ils n’ont ni une "épaisseur" politique suffisante et ne jouissent pas d’un large soutien populaire. Quant à chacun de leur parti politique, il est tout sauf une machine électorale. Puisque même dans leurs fantasmes les plus fous ils ne se verraient pas gagner les présidentielles, pourquoi donc y vont-ils? Sont-ils des candidats pour rire?

 

1) Nzanga Mobutu: est-ce juste un caprice d’un gosse de riche? Jeune, riche, de bonnes études, un nom pouvant lui ouvrir des portes, un carnet d’adresses bien fourni, nombreuses étaient les cartes entre les mains de ce fils du Maréchal Mobutu lorsqu’il entre au gouvernement en 2006. Etait-ce par réalisme (la "victoire" de J. Kabila était écrite dans les murs) ou par opportunisme (sécuriser le patrimoine familial) qu’il conclut un "mariage de raison" avant le 2ème tour avec les "tombeurs" de son père au détriment du beau-frère J-P Bemba? Quoiqu’il en soit, comme un enfant gâté, il brûla une à une ses cartes, sans jamais parvenir à faire ses marques, jusqu’à cet après-midi de mars dernier où il sortit du gouvernement par la petite porte, humilié car limogé après de (très) longues vacances sabhatiques. Il étala aux yeux de tous une facette peu enviable de sa personnalite: un ami du farniente, ce qui n’est pas à l’avantage du présidentiable qu’il veut être.

 

Et pourtant, dès le début, les défis auxquels le ministre faisait face n’étaient pas moindres: sur le plan personnel, la réputation de son père à laver ("32 ans de Mobutu = gâshis"). Sur le plan national, il était le Vice-Premier ministre et ministre d’agriculture dans un pays où les terres sont immenses et les pluies abondantes tandis que les 9/10 de la population livrent une lutte quotidienne pour se nourrir. En RDC, c’est aux véreux hommes d’affaires libanais et indo-pakistanais que le gouvernement a laissé le soin d’importer (tous) les biens de première nécessité (riz, haricot, farine, sucre, viande, poisson, sel, etc.).

 

Mais le jeune ministre qui bénéficiait pourtant d’un tremplin si idéal pour émerger (2ème personnalité du gouvernement et la confiance du président) n’a jamais donné au public  l’impression d’un technocrate plein d’idées nouvelles et qui veut faire bouger les choses. N’est-il pas, après tout, membre de cette "nouvelle classe politique congolaise" qu’on nous a tant vanté? Au moins, il nous aura été donné de découvrir que sous Kabila (père et fils) autant que sous Mobutu, "l’agriculture priorité des priorités" c’est juste un slogan car ce "chantier" demeure le parent pauvre.

 

Mais le voilà candidat aux présidentielles, sans troupes mobilisées ni bilan positif après ses cinq années au gouvernement. Se présente-t-il pour embarasser celui qui l’avait chassé du gouvernement? Cette hypothèse est à exclure à cause de son poids politique négligeable. A tout prendre, a-t-il raison de se présenter – en dehors du camp présidentiel – quand on sait que le bilan qui sera critiqué est non seulement celui de Kabila, mais aussi celui de la coallition UDEMO-PPRD-PALU qui a dirigé le pays de 2006 à 2011, donc le sien aussi? A moins qu’il y va quand même par caprice de gosse de riche qui n’a rien à perdre: ni l’honneur ni l’argent.

 

Nzanga Mobutu rendrait probablement service tant à lui-même qu’au pays en mettant sur pied une "Fondation Mobutu Sese Seko", laquelle serait créée pour pérénniser l’héritage politique de son père en financant (entre autres) les études en sciences sociales qui concourrent à promouvoir l’unité nationale chère à son Maréchal de géniteur. Il y serait sans doute plus à l’aise que dans un cabinet ministériel…

 

2) Léon Kengo wa Dondo: autoproclammé "le" candidat commun de l’opposition certes, mais où est le fief du chef? Qu’est-ce qui peut expliquer le fait qu’un homme qui a assumé des charges publiques très élevées pendant des décennies se retrouve aujourd’hui à la tête d’un parti politique "alimentaire" et sans base? Réponse: à cause d’une pratique politique qui n’avait pas de prise sur le terrain. Tel est le triste sort de cet homme craint autrefois sous la IIème République et qui semble payer au prix fort pour avoir été longtemps "politicien d’ordonnance", ne devant les nombreux privilèges acquis non pas à un mandat électif mais à un décret présidentiel, ce qui lui donna pendant longtemps le sentiment de ne rien devoir aux citoyens qu’il découvre être les électeurs d’aujourd’hui.

 

Avec une formation politique comme la sienne, par quel miracle l’emporterait-il, lui qui même du temps de sa splendeur passée n’était pas aimé des foules? Abandonné par les amis de première heure (Tambwe Muamba, Pay-pay, Banguli, Atundu…) partis vers des pâturages plus verdoyants, qu’offrirait-il à ses (rares) sympathisants d’aujourd’hui? Solliciter un mandat électif suppose d’avoir un fief, mais on a beau chercher on ne trouve rien, ni à l’Equateur ni ailleurs. Alors, pourquoi est-il candidat? Au soir de sa vie, a-t-il fait le choix de servir de faire-valoir à d’autres en étalant sous nos yeux une mise en scène dont la finalité n’est connue que de lui seul?

 

Le plus caucace est que l’homme s’est autoproclammé "le" candidat commun de l’opposition. Mais l’ambition a-t-elle jamais suffi seule? L’union de l’opposition étant comme un "rendez-vous du donner et du reçevoir", qu’y apporterait-il aux autres members de l’opposition, lui qui n’a pas de base? Sans charisme, il n’a pas su fédérer autour de sa personne le Groupe Sultani. Ce qu’il n’a pas réussi avec peu, va-t-il le faire avec beaucoup?

 

On ne peut penser à Léon Kengo sans ne pas se remémorer le témoignage de Dominique Sakombi Inongo dans le documentaire "Mobutu Roi du Zaire" où il expliquait comment le détournement des deniers publics se faisait au sommet de l’Etat. “Quand le président [Mobutu] avait besoin d’un million de dollars, il le faisait savoir oralement au Premier ministre [Léon Kengo]. Celui-ci appelait le Gouverneur de la Banque [Nyembo Shabani] pour l’informer que le président avait besoin de deux millions de dollars. Le Gouverneur sortait trois millions: un pour le Président, un pour le Premier ministre et un pour lui-même” ! Peut-on savoir combien de fois cet "exercice" malhonnête s’est fait? Dieu seul le sait, ayant a faire d’un home qui fut plusieurs fois Premier minister de Mobutu (1982-1986 ; 1988-1990 et 1994-1997). On pensait que la Conférence Nationale Souveraine (CNS) des années 1991-1992 mettrait la main sur des individus pareils mais il n’en fût rien: ces voleurs sont si rusés qu’ils ne laissent aucune trace, tout se faisait oralement…

 

Malgré ce passif négatif la presse prépayée kinoise trouve à l’homme des atouts non négligeables. “C’est un homme expérimenté” écrit Le Potentiel. “Il ne se lance jamais sur un terrain sans en avoir examiné tous les contours”, “Il jouit d’une réputation internationale pour avoir fait du Zaire l’élève modèle du FMI”. En cette période électorale, allez savoir s’il s’agit d’un publiréportage ou non, dans les media congolais, tout se mèle et se confond.

 

3) Oscar Kashala: comme un touriste qui s’en va sans laisser d’adresse! Avec O. Kashala le Congo a eu une nouvelle catégorie d’homme politique: ceux qui viennent à la veille des échéances électorales, sollicitent les suffrages auprès des électeurs et une fois celles-ci obtenues, s’en vont d’où ils étaient venus sans laisser d’adresse ni de contact téléphonique… et reviennent lors des échéances suivantes, c’est-à-dire cinq ans plus tard!

 

Docteur Kashala avait obtenu plus de 4% au Ier tour des présidentielles de 2006 et était, depuis pointé aux abonnés absents. La politique, étant "la gestion de la cité", il ne laissa sur le terrain aucune structure pour le faire connaitre davantage et "gérer" son image. Comme un médecin de brousse qui vient la saison venue et s’en va en attendant la prochaine, il repartit aussitôt les élections finies aux USA … avant de revenir déposer sa candidature à la CENI en septembre dernier.

 

Professeur de son état, il aurait pu être calculateur et à l’écoute de l’opinion publique, en faisant organiser un mini-sondage d’opinion dans des circoncriptions-échantillons, histoire d’évaluer ses chances. L’image qu’il donne est celle d’un homme qui vient "juste pour tenter sa chance" et qui dit : “Si ça marche tant mieux, sinon c’est tant pis !”, ce qui ne fait pas sérieux et n’est pas à son honneur. Pire, en langage de l’homme de la rue ça s’appelle "être un aventurier" !

 

Aurait-il pensé que son statut de "Professeur" mettrait le monde à ses pieds? Hélas, il y a fort longtemps que les Profs n’ont plus de cote en politique là-bas au Congo. Et pour cause: ils ont tant deçu. Mulumba Lukoji, Kabuya Lumuna, Ngoyi Nduba, Kinkiey Mulumba, Mpinga Kasenda… la liste est longue de ces intellectuels du ventre qui ont vendu leur conscience contre des espèces sonnantes et trébuchantes. Dejà à l’époque, feu Général Mayele se gaussait de “La République des Professeurs”, faisant allusion au gouvernement exclusivement composé de technocrates qui ne réussirent jamais à nous sortir du trou où nous sommes depuis. (A suivre)

 

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11 octobre 2011 2 11 /10 /octobre /2011 14:24

 

Dans un communiqué publié le 4 octobre dernier par son conseil à La Haye, J-P Bemba a révélé la suite reservée à la requête de Tshisekedi relative au soutien électoral. Le leader de MLC y déclare ne soutenir que “le candidat de l’opposition qui sera désigné par consensus”. Il s’agit ni plus ni moins d’un “non poli” d’après Le Potentiel. C’est donc la logique du “retour d’ascenceur” qui a été respectée. Mais avec quelles implications?

 

1) J-P Bemba a raté l’occasion de s’inviter au  coeur du débat électoral en faisant de l’avenir de sa situation carcérale un thème de campagne. Plus qu’à toute autre période de l’année, la campagne électorale donne souvent l’occasion aux politiques de se montrer abordables et à l’écoute de la population. C’est alors que l’on voit des pancartes “Attention chien méchant!” disparaitre des grilles des habitations cossues, lesquelles demeurent anormalement ouvertes, hospitalité intéressée oblige. Mais c’est aussi le moment rêvé pour les groupes de pression (syndicats, associations professionnelles, etc.) de marchander leur soutien aux candidats ou de faire connaitre à ceux-ci des priorités qu’ils aimeraient voir figurer dans leur programme politique. Ils font du lobbying.

 

Mieux inspirés, les amis de JP Bemba seraient demandeurs durant la campagne électorale. Ils feraient du lobbying afin que les présidentiables de l’opposition prennent en compte le dossier de l’emprisonnement du “Chairman” et s’engagent à s’occuper de son cas s’ils sont élus, en contrepartie du soutien de MLC.

 

2) En croyant jouer à l’arbitre, J-P Bemba s’est exclu plutôt du jeu politique et se donne un rôle peu enviable, celui du spectateur. Thomas Luhaka, le SG du MLC ne tarissait pas d’éloges envers  son parti politique récemment. “Nous sommes une force incourtounable sur la scène politique nationale”, disait-il. Mais ce qu’il oublie c’est qu’on n’est “incontournable” qu’à condition d’être capable d’influencer les événements dans le sens de son intérêt, ce qui reste à démonter du MLC. Membre du Groupe Sultani il l’est, mais c’est V. Kamerhe que l’on entend. Le Vice-President de la CENI, Professeur Njoli, est certes  du MLC mais le seul crédit qui peut être le sien c’est celui d’être aphone. On ne peut être autant transparent et prétendre être “incontournable”!

 

Le propre d’une formation politique c’est de prendre position sur des questions d’intérêt local ou national. Deuxième parti de l’opposition après l’UDPS, Le parti de Bemba a en 13 années d’existence, réussi à s’implanter dans nombre de localités. Mobilisées, ses troupes pourraient faire basculer une élection. Mais cela est-il possible aujourd’hui? Décapité avec la longue absence de son leader, miné par des rivalités internes, diminué par la défection de plusieurs de ses  cadres “que les cinq années passées dans l’opposition ont découragé” (Thomas Luhaka), le parti souffre cruellement d’un manque de leadership.

 

Aussi, en évitant de prendre position (soit pour l’un ou l’autre des candidats présents, à défaut de présenter le sien propre) ce n’est pas le rôle d’arbitre que le MLC jouera désormais mais celui de spectateur du jeu politique: les candidats disposeront de ses sympathisants sans le lui demander, ce qui enlèvera tout sentiment de dette morale à quiconque aura gagné avec l’aide des militants MLC. Après avoir été tour à tour dans la lutte armée (1998-2002), au pouvoir (2003-2006) et dans l’opposition institutionnelle (2007-2011), le temps est-il venu d’être spectateur?

 

3) Lorsqu’un homme en taule croit pouvoir se venger contre une personne qui, si elle est élue demain, pourrait changer son sort, le prisonnier se tire une balle dans le pied! Les présidentielles du 6 décembre prochain ne désigneront pas seulement un dirigeant d’une nation. Dans le cas de JP Bemba, elles peuvent revêtir une connotation particulière si l’homme élu se montre disposé à entamer des contacts avec La Haye.

 

Thomas Luhaka s’est plaint publiquement il y a peu de l’absence de réponsedu gouvernement à la requête de son parti qui demandait des garanties de sécurité en vue d’obtenir le retour de JP Bemba qui était le candidat du parti aux présidentielles. Apparemment le gouvernement en place s’acommode du status quo actuel. Or le mois dernier, après sa visite à Thomas Lubanga, E. Tshisekedi a exprimé son souhait de voir “les Congolais jugés par les institutions judiciaries nationales”, ce qui est une evolution. Si la politique vise des intérêts (personnels, ceux de la communauté, etc) de quel intérêt particulier revêt la décision du “Chairman”? Au contraire, il semble avoir scellé son sort, se condamnant à rester en taule indéfiniment, ou du moins, encore pour longtemps …

 

4) La vengeance est mauvaise conseillère… et ne fait pas de grands hommes. La logique du “retour d’ascenceur” est une logique basée sur la vengeance: “comment ne pas rendre la monnaie de sa pièce à Tshisekedi qui lui avait réfusé le même service auparavant?” pourrait-on raisonner.

 

Le problème est que c’est si facile d’appliquer la loi de talion que d’y résister. Que Bemba par exemple décidait de refuser son soutien à Nzanga Mobutu, personne ne s’en étonnerait: il ne fait que se venger, dira-t-on. Et se venger n’exige pas beaucoup d’effort ni de courage. C’est le contraire qui fait la différence entre les politiciens tout court et les hommes d’Etat. Si Nelson Mandela , aussitôt arrivé au pouvoir en 1995 avait appliqué la “chasse aux sorcières” pour se venger des Blancs sudafricains, serait-il l’icône planétaire qu’il est devenu aujourd’hui?

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2 octobre 2011 7 02 /10 /octobre /2011 14:34

 

   

Que cela procède de son ambition légitime de faire une entrée dans l’opposition par la grande porte ou plutôt de l’intention cachée du président sortant d’avoir un œil sur l’opposition à travers ses proches, une chose saute aux yeux : l’année en cours a vu V. Kamerhe multiplier des initiatives comme jamais auparavant. Quant à ses échanges (lointains) avec E. Tshisekedi, ils font penser au "Je t’aime moi non plus ", un titre du chanteur-provocateur Français aujourd’hui disparu, Serge Gainsbourg. Rétrospective d’un désamour.

 

1) 14/01/2011 (Kinshasa) Sortie officielle de V. Kamerhe (l’UNC). Est-ce pour venger Kabila ? C’est au tout début de l’année que V. Kamerhe rejoint officiellement les rangs de l’opposition en créant son parti politique, l’UNC. Cela se fait devant le gratin de la presse internationale. Mais seulement voilà : la date de sa sortie officielle n’est pas une date ordinaire là-bas à Kinshasa car c’est ce jour-là que se clôture le Ier Congrès de l’UDPS qui venait de désigner l’homme de Limete candidat aux présidentielles. Du coup, Kamerhe attire toute l’attention des media (VOA, RFI et BBC) et la candidature de Tshisekedi est reléguée au second plan.

 

Ce coup médiatique de l’auteur de "Pourquoi j’ai choisi Kabila" n’est pas sans susciter quelques questions : hasard de calendrier ou date délibérément choisie afin de damer le pion à celui dont le retour triomphal à Kinshasa le 08/12/2010 après trois ans de soins en Europe avait éclipsé le "Discours sur l’état de la Nation" de J. Kabila qui était radiotélévisée en direct de Lubumbashi ?

 

2) 15/01/2011 (RFI). V. Kamerhe : "Seul un triangle Bemba-Tshisekedi-Kamerhe peut faire gagner l’opposition aux présidentielles". Vêtu de ses nouveaux habits d’opposant, V. Kamerhe s’exprime dans l’émission "L’Invité du journal" de RFI. Sa stratégie pour que l’opposition batte Kabila est la suivante : la mise en commun des efforts par tous les poids lourds politiques, chacun ratissant large dans son fief. Ainsi, Bemba s’occuperait de l’Equateur, Tshisekedi du Kasaï et lui-même du Kivu et Maniema.

 

En suggérant ce triangle, il revendique son entrée dans la cours des grands, se mettant au même diapason de Tshisekedi et Bemba. Mais son idée fait-elle recette ? Aussitôt est-elle connue qu’elle est battue en brèche par l’UDPS (et depuis il semble l’avoir retirée). M. Tshipamba Mpuila, l’éminence grise de Tshisekedi la dénonça sur udps.be comme une stratégie tendant à valider la thèse de ceux qui accusent l’UDPS d’être "le parti des Kasaïens", ce que est faux, d’après lui, car il soutient que c’est le seul parti national qui est implanté partout.

 

3) 15/06/2011 (RFI). Tshisekedi : "Oui, je peux gagner seul au Kivu". Quelles sont les chances du candidat Tshisekedi de battre le président sortant aux élections de novembre prochain ? Dans l’émission "L’Invité du Journal" de M. Boisbouvier, il se montre plutôt optimiste : "Je suis sûr de gagner partout, à l’exception du Katanga" [fief du président-sortant]. "Partout" implique aussi le Kivu, fief de V. Kamerhe. Autre question lui posée : que penser de l’idée du regroupement de l’opposition lancée par Kamerhe ? Réponse : "S’il veut prouver qu’il est dans l’opposition, qu’il vienne nous rejoindre au sein de la plateforme qui soutient ma candidature".

 

4) 16/06/2011 (RFI). Kamerhe : "Tshisekedi a un contentieux avec le Kivu qui n’a pas encore été réglé". Le lendemain, dans la même émission, la réplique de V. Kamerhe à Tshisekedi est cinglante. C’est la réponse du berger à la bergère. Question : Tshisekedi gagner au Kivu ?   Pour toute réponse, l’homme commence par des rires avant d’assener le coup de grâce : "Tshisekedi a un contentieux avec le Kivu qui n’a pas encore été réglé". Et de relater comment la délégation de l’opposant historique a été lapidée en 2002 au Kivu… Des doutes sur son statut d’opposant ? Réponse : J’ai quitté Kabila comme lui-même [Tshisekedi] avait quitté son ami Mobutu, ayant trouvé que nous n’allions plus dans la même direction.

 

5) 14/07/2011 (CongoIndependant, Bruxelles). Tshisekedi : "Si Kamerhe ne veut pas me voir, c’est son problèmes. Ce n’est pas à moi d’aller le voir". E. Tshisekedi est à la fin d’une longue tournée euro-américaine et s’apprête de retourner au pays. Il se confie au journal en ligne CongoIndependant. En lisant l’entretien, on a l’impression qu’il y a comme une tension en l’air entre lui et Kamerhe. Est-ce à cause de ses déclarations antérieures ? Nul doute qu’elles ont fait des vagues à l’UDPS. Extraits de l’interview.

 

"Question : Etes-vous en contact avec V. Kamerhe et son parti ?

E. Tshisekedi : Non !

Question : Pourquoi ? Y a-t-il un problème ?

E. Tshisekedi : Je trouve simplement que ce n’est pas à moi d’aller voir Kamerhe. S’il ne veut pas me voir, c’est son problème !"

 

Au cours de la même interview, le leader de l’UDPS donne enfin sa version des faits relatifs aux événements dont avait fait mention V. Kamerhe. Il en découle qu’en fait de "contentieux", il s’agit plutôt d’un malentendu à propos d’une délégation menée par Tshisekedi auprès des chefs d’Etat de la région – dont Kagamé du Rwanda -  en vue de faire pression sur Kabila et Bemba pour qu’ils reviennent à la table des négociations qu’ils avaient abandonne lors des Accords Inter Congolais de Sun City.

 

6) 08/08/2011 (VOA et RFI). Kamerhe exige "les Primaires pour désigner le candidat de l’opposition aux présidentielles". Pour que l’opposition n’y aille pas en ordre dispersé, V. Kamerhe exige la désignation d’un seul candidat de l’opposition. Par le truchement des "Primaires".   Entretemps, depuis le 31 juillet jusqu’au 08/08/2011, E. Tshisekedi se livre à une véritable démonstration de force lors d’une tournée effectuée au Katanga dans les villes de Lubumbashi, Likasi, Kolwezi, Kipushi et Kasumbalesa. Partout où il se rend il draine d’immenses foules, poussant les observateurs à revoir leurs calculs.

 

7) 09/08/2011 (Kinshasa, Stade des Martyrs). Le "Oui mais …" de Tshisekedi à Kamerhe. C’est devant une foule estimée à 70.000 âmes que Tshisekedi, revenu le même jour de sa tournée katangaise, répond à Kamerhe. A la fin de son discours, il fait enfin référence aux négociations en cours en vue de designer un seul candidat pour l’opposition. Sans citer une seule fois le nom de Kamerhe, il déclare : "Nous sommes d’accord sur le principe. Mais notre position est que les négociations n’auront pas lieu entre individus mais plutôt entre partis politiques. Donc que chacun mette d’abord de l’ordre dans sa propre maison".

 

Traduction : les prétentions des uns et des autres doivent être au prorata de la capacité de mobilisation de chaque parti politique. Or tout le monde peut voir et juger la nôtre. Que les autres en fassent autant et nous discuterons !

 

8) 02/09/21011 (Kinshasa). Tshisekedi lance l’ "Appel au peuple Congolais" et affirme : "J’ai décidé de présenter ma candidature". Depuis plusieurs jours déjà les négociations entre opposants sont dans l’impasse. Pire, elles sont bipolaires. Le Groupe de l’Hotel Sultani, qui soutient Kamerhe, s’est mis d’accord sur un programme de gouvernement commun. L’autre, le Groupe de Fatima, a désigné Tshisekedi candidat aux présidentielles, ce que conteste Kamerhe et ses amis, Kengo compris.

 

Lorsqu’il lance son Appel au peuple Congolais, on sent comme un point de non retour. Tshisekedi a décidé d’être candidat "parce que l’avenir de ce pays ne peut être indéfiniment laissé entre les mains de ceux qui, de façon notoire et répétée, se distinguent par la duplicité de leur langage politique, leur goût effréné pour le gain facile, leur mépris total de la vie humaine et de la souffrance de leurs semblables". A moins d’un revirement de dernière minute, les ponts semblent coupés entre Fatima et Sultani.

 

9) 05/09/2011 (Kinshasa). E. Tshisekedi dépose sa candidature à la CENI et décrète unilatéralement la fin des négociations avec Kamerhe et ses amis. Si dans son Appel au peuple Congolais on sentait une rupture avec Kamerhe, il y manquait la forme. C’est ce qui est fait lorsque l’opposant historique dépose sa candidature à la CENI et déclare à RFI : "Par ce geste, je viens de clore définitivement les négociations en cours ". Interrogé à propos de l’union de l’opposition vue par beaucoup comme une panacée, il balaie l’idée d’un revers de main : "C’est une légende", dit-il. Deux jours plus tard, il repartit en Occident en vue d’ultimes contacts avant la grande bataille électorale.

 

10) 07/09/2011 (Kinshasa). Kamerhe dépose sa candidature à la CENI et déclare "tendre la main" en vue d’un candidat unique de l’opposition. Deux jours après, c’est au tour de V. Kamerhe de se présenter à la CENI afin d’y déposer sa candidature. A la sortie du bureau il ajoute néanmoins qu’il "tend la main" aux autres  pour un candidat unique de l’opposition. Un autre membre du groupe Sultani, Kengo, dépose aussi sa candidature et croit parvenir à trouver un compromis avec Tshisekedi sur le sujet.

 

11) 08/09/2011 (Kinshasa, RFI). Marcel Moleka (UDPS) : "Les négociations sont clôturées". Aux observateurs qui sont perplexes après les déclarations de Kamerhe et Kengo, un dirigeant de l’UDPS, Marcel Moleka répond que "les négociations sont clôturées".

 

12) 28/09/2011 (La Haye). Rencontre Bemba-Tshisekedi pour un candidat unique de l’opposition. Depuis qu’il a quitte Kinshasa, le séjour européen de Tshisekedi n’est pas de tout repos : les navettes entre les capitales européennes et nord américaines se succèdent à un rythme effréné. La rencontre de personnalités congolaises est également à l’agenda. Aussi se rend-il le 28/09/2011 à la prison de Scheveningen, à La Haye, Pays-Bas, rencontrer Jean-Pierre Bemba pour une séance de travail "en vue d’un candidat unique de l’opposition". Le lendemain, c’est au tour de M. Kengo de s’entretenir à Bruxelles sur le même sujet avec Tshisekedi.

 

13) 02/10/2011 (Radio Okapi, Kinshasa). V. Kamerhe se félicite de la "flexibilité" de Tshisekedi et espère le rencontrer bientôt. Après les rencontres Bemba-Tshisekedi et Kengo-Tshisekedi, la réaction de V. Kamerhe est venue ce matin sur Radio Okapi. Le leader de l’UNC se félicite de la "flexibilité" de Tshisekedi qu’il "espère rencontrer bientôt". A-t-il craint d’être court-circuité et d’être laissé au bord de la route et de voir une alliance Tshisekedi-Bemba se former à son détriment ? L’avenir nous le dira.

 

 

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19 septembre 2011 1 19 /09 /septembre /2011 14:16

 

 

Nous pensions que le projet de l’union de l’opposition était mort de sa belle mort. Et que le décor était définitivement planté pour les grands-messes électorales attendues. Il n’en est rien. Même après avoir déposé leur candidature en fanfare à la CENI et versé une caution non remboursable de $ 50.000, M. Kamerhe, Kengo et Mbusa se déclarent chacun “ouvert au dialogue” en vue de la désignation d’un candidat unique de l’opposition, ce qui ressemble fort à un appel de pied à Tshisekedi.  Que peut-il se cacher derrière ce ˝altruisme ̏ ? Plusieurs scénarios peuvent être envisageables.

 

1. Les  ̏opposants proches de Kabila˝ sont désorientés par la fin brutale des négociations entre ˝Fatimȁ et  ̏Sultani˝ et en mal de stratégie. Si le dépôt de sa candidature à la CENI le 05/09/2011 était un coup de maitre, la rupture unilatérale des négociations entre les deux groupes d’opposants (Fatima et Sultani) par E. Tshisekedi l’était encore plus. Pris de court, les “opposants proches de Kabila” ont perdu de leur panache et sont privés définitivement d’argument à faire valoir pour faire pression sur l’homme de Limete. Depuis, ils sont affaiblis, paraissent désorientés et sont sur la défensive.

 

Sinon, comment comprendre que M. Kamerhe et ses amis font une chose et son contraire à la fois: volonté de briguer la magistrature (par le dépôt de leur candidature) et la volonté de vouloir s’effacer pour l’un des opposants qui serait plébiscité (la demande des négociations). Comment expliquer qu’eux qui, il y a encore peu, déclaraient que la priorité allait à l’élaboration du programme commun avant la désignation du candidat, ne peuvent se choisir l’un d’eux comme candidat maintenant que la première étape semble franchie ? Comment comprendre que les auteurs des récentes menaces à peine voilées consistant à “s’arroger le droit de présenter leur candidature si leur main tendue à Tshisekedi n’était pas acceptée” changent soudain de discours, maintenant que l’opportunité de se présenter leur est offerte et du coup semblent mal à l’aise dans leur statut de candidats? Tout laisse croire qu’ils maintiendront cette ̏main tendue˝ jusqu'à ce qu’ils trouvent une stratégie de rechange.

 

2. La ˝main tenduȅ de Kamerhe et ses amis est une stratégie du pouvoir visant à faire accréditer la thèse selon laquelle « l’opposition est divisée ». Déposer sa candidature à la CENI et être prêt à s’effacer au profit d’un autre, après versement d’une importante caution est contraire à toute logique. C’est comme avoir mis la charrue avant le bœuf. Mais puisque M. Kamerhe et ses amis sont assez intelligents pour ne pas savoir ce qu’ils font, cet ˝altruismȅ cache des arrières-pensées politiques. Nous pouvons en imaginer trois de la part de petits soldats de Kabila.

 

D’abord, l’intention serait de faire accréditer la thèse que ˝l’opposition est diviséȅ, refrain déjà repris autant par la presse prépayée kinoise qu’internationale. Implicitement on saluera l’ordre et la discipline qui règne dans le camp du président sortant. Une fois cette assertion admise, tripatouillage ou pas, la victoire de Kabila se justifiera ̏puisque l’opposition était divisée˝. Ensuite l’intention est d’étouffer le message critique venant de la vraie opposition. Les échos venant de Fatima et Sultani étant contradictoires (certains veulent la réprise des négociations, d’autres non), cela donnera lieu à une cacophonie délibérement voulue par le pouvoir. Enfin, la ˝main tenduȅ est une démarche initiée pour détourner l’attention de la vraie opposition des vrais enjeux et la focaliser sur des questions administratives.

 

 

3. A travers sa ˝main tenduȅ  à Tshisekedi, Kamerhe rêve de jouer le beau rôle de “père de l’union de l’opposition congolaise” et en tirer le bénéfice électoral. La préoccupation de tout homme politique est entre autres d’accomplir quelque hauts faits à même de le mettre malgré lui en orbite, servant ainsi de référence à tous et en même temps c’est un élément utile pour galvaniser les membres de sa formation politique. C’est ainsi que naissent des mythes autours de nombreux politiciens. Les 27 ans d’emprisonnement de Nelson Mandela par le régime raciste Blanc et les près de 30 ans de lutte d’Etienne Tshisekedi ne sont que des exemples. Il arrive que lorsque des faits impressionnants n’existent pas, on les invente: voilà pourquoi les mobutistes avaient “imaginé” l’histoire du maréchal bravant les rebelles sur le pont Kamanyola!

 

Que faire lorsque votre passé renseigne seulement que vous êtes l’auteur de “Pourquoi j’ai choisi Kabila”, son Directeur de campagne et Président d’une chambre d’enregistrement? La meilleure façon de s’ancrer dans l’opposition ne peut-elle pas consister d’apparaitre comme l’initiateur de l’union de cette même opposition ? Qui pourrait douter de son statut d’opposant après l’obtention de ce genre de lettres de noblesse? A la veille des échéances comme celles qui nous attendent, cela peut être rentable.

 

4. L’alternance est sérieusement envisageable après novembre prochain. Pour ce faire Kamerhe et ses amis ne tiennent pas à être du côté des perdants.  Dans les mœurs politiques congolaises, la politique ne « paie bien » que tant que vous êtes du bon côté, c’est-à-dire – osons le mot – du côté de la mangeoire. ̏ L’opposition ne nourrit pas son homme ˝, entend-on souvent. Dès lors il n’est pas étonnant que des actes de « vagabondage politique » ne soient dirigés que dans un seul sens : en direction du pouvoir-mangeoire. Que le mouvement se fasse en sens contraire (cas de Kamerhe et Mbusa rejoignant l’opposition) et de surcroit à la veille des grandes échéances électorales, cela semble suspect et plein d’arrière-pensées. Se pourrait-il que les membres du groupe de l’hotel Sultani aient flairé un vent de changement et se sont dit qu’il « vaut mieux être amis avant la chasse qu’après » ?

 

5. Kamerhe et ses amis sont conscients qu’ils ne pèsent pas lourd dans la balance. Si les sondages d’opinion n’existent pas au Congo, néanmoins d’autres paramètres pouvant déterminer le poids politique d’un homme ou une formation politiques existent: la capacité de donner un mot d’ordre et ses troupes occupent le pavé dans une manif, être capable ou non de drainer des foules lors des descentes sur terrain, faire salle comble dans des stades avec ses sympathisants, etc. Au mois d’août dernier, il a été donné aux congolais de juger lors des tournées de Kamerhe au Bas-Congo et Tshisekedi au Katanga ainsi que lors du meeting au Stade des Martyrs le 09/09/2011. Le constat était que loin de ses terres kivutiennes, V. Kamerhe avait du mal à fasciner sans un coup de main des autres formations politiques. Puisque l’homme est intelligent, en aurait-il vu le danger à venir et souhaiterait une alliance avec Fatima ?

               

 

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10 septembre 2011 6 10 /09 /septembre /2011 16:07

 

On le sentait venir peu à peu. Non pas à cause de l’empressement de V. Kamerhe qui en avait fait son cheval de bataille. Si le manque d’enthousiasme de l’UDPS sucitait dejà quelque doute quant à sa matérialisation, c’est surtout le dépôt de la candidature de Tshisekedi à la CENI en date du 05/09/2011 qui a sonné le glas de l’union de l’opposition et enterré définitivement le projet. Pourquoi donc n’a-t-elle pas lieu? Tentative de réponse.

 

1. L’union de l’opposition devrait être conçue comme un “rendez-vous du donner et du reçevoir “. Or beaucoup y vont les mains vides. L’idée à la base du concept est simple: “l’union fait la force”. Cela signifie que si l’opposition tient à se transformer en une force d’alternance, plutot que d’y aller en ordre dispersé, elle gagnerait à présenter des candidats aux législatives sur une liste commune et se choisir un seul candidat aux présidentielles que tous les partis d’opposition soutiendraient. Voilà pour la théorie.

 

En réalité, à part deux ou trois d’entre eux, la majorité  de formations politiques se localisent uniquement à Kinshasa et brillent par leur absence dans plusieurs circonscriptions électorales dans les provinces. D’autre part, la plupart de ces “leaders” remplissent plus facilement les “une” des journaux kinois que les salles de spectacle ou stades avec leurs sympathisants. Avec un poids sociologique discutable, ceux-ci attendent plus de cette “union sacrée” qu’ils n’ont à lui “donner”. Vaut-il la peine d’envisager pareille plateforme où surabondent des “parasites” don’t les fiefs sont hypothétiques?

 

2. L’expérience de l’Union Sacrée de l’Opposition (USOR) des années 90’ a été vécu comme “globalement négative” par certains partis majeurs. En son temps, si LD Kabila avait traité l’AFDL de “conglomérat d’aventuriers”, on ne peut pas dire mieux de l’Union Sacrée. Conçue au départ comme une plateforme “incarnant le changement” et en même temps devant faire contrepoids à la puissante machine mobutiste MPR, elle finit par devenir le tremplin des opportunistes politiques si légions en RDC. Mobutu d’abord et Mzee Kabila ensuite y ont trouvé un vivier d’où nombre de leurs cadres ont été pris. Les appuis des hommes comme Birindwa, Ngunz-a Karl-I Bond, Mungul-Diaka, Kengo et d’autres ne l’ont été que contre des espèces sonnantes et trébuchantes et cette démarche visait un objectif: affaiblir l’opposition. L’expérience vaut-elle la peine d’être répétée? En cataloguant de “légende” l’idée selon laquelle seule l’union de l’opposition pourrait provoquer l’alternance, Tshisekedi y répond par la négative.

 

3. Pour s’unir, les formations politiques d’opposition devraient vouloir aller dans une même direction. Cela n’est pas le cas. Tous les partis dits d’opposition sont-ils réellement de l’opposition? Un débat existe au sein même de l’opposition où certaient doutent du statut des autres perçus comme des “ taupes” au service du chef de l’Etat. Mais en l’absence d’une autorité de régulation, des suspicions demeurent et créent la méfiance entre les membres qui sont sensés coopérer. L’expérience congolaise révèle que de tels forums s’apparentent souvent au “bal de chauves” où s’infiltrent de “faux chauves” aux agendas connus que d’eux mêmes.  A la veille d’une rencontre sportive, allez-vous livrer vos plans de jeu à un partenaire dont vous vous auriez appris de source sûre qu’il fréquentait votre adversaire mais qui ne laisse rien transparaitre? A part cela, rien n’indique que tous les partis d’opposition partagent les mêmes valeurs et la même idéologie.

 

4. Les pourparlers en vue de la désignation du candidat commun seraient interminables et affaibliraient l’opposition. De mémoire, tous les forums politiques organisés à l’exterieur ou à l’intérieur de la RDC se sont caracteristés par un calendrier élastique. Avec en vue une échéance précise (les présidentielles en novembre prochain) des conciliabules qui s’éternisent risqueraient de réléguer au second plan le plus important. Mais que de sujets de discussions! D’abord il y aurait une bataille de procédure. Qui convoquerait ces pourparlers? Comment établir les règles acceptables par tous? Devrait-on mettre sur les mêmes pieds les partis politiques créés récemment et ceux ayant fait des décades ? Les partis dont les membres peinent à remplir une petite salle devraient-ils avoir le même nombre de délégués avec ceux qui remplissent des stades? L’absence d’une autorité de régulation, ajoutée aux ambitions des uns et des autres finiraient par déteindre sur l’image qu’ils entendraient projeter à la veille des échéances prochaines. Au final, ils en sortiraient divisés, plus diminués que renforcés.

 

5. La précampagne électorale en cours a déjà conduit à l’émergence d’une dynamique nouvelle et à l’établissement de nouvelles règles de jeu. Depuis la tournée de Tshisekedi au Katanga en août dernier et la descente de Kamerhe au Bas-Congo à la meme période, on a vu se former autour de ces deux personnalités de l’opposition un certain consensus. Comme si l’opposition était bipolarisée entre le “Groupe de l’hotel Sultani” qui soutient le ticket Kamerhe et les amis de Tshisekedi. Sans doute que les uns et les autres se trouvent des convergences réciproques. C’est cette nouvelle donne qui a finit par s’imposer à quelque différence près. Les deux groupes se rangent derrière une “locomotive” politique – à part le groupe de Kamerhe qui a discuté pour un programme commun – le programme pour lequel on battra campagne est celui du candidat. Ici les “petits” partis vont rejoindre un “grand” parti. Les discussions se font de parti à parti.

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2 juillet 2011 6 02 /07 /juillet /2011 10:26

 

 

Le quadragénaire François Kampanda, est tout sourire. Et pour cause : il vient de savourer le 24 avril dernier à Kinshasa son tout premier meeting politique. Et pourtant, cela fait quatre années déjà qu’il dirige sa formation politique "Changeons le Congo". Qu’est-ce qui explique donc ce réveil tardif ? A vrai dire, à la date précitée il n’était que l’un des invités du « parti frère » de la 10ème Rue Limete, lequel organisait la "sortie" de son leader historique après environ trois années d’absence sur le terrain. Assis parmi les invités à la tribune, il a goûté à des honneurs comme par procuration, et n’est pas prêt de l’oublier. Nous l’avions rencontré lors de son récent voyage en Afrique de l’Est et insisté pour qu’il ne nous dise que la vérité, rien que la vérité. Sans langue de bois. Il nous l’a juré. Jugez vous-même.

 

M. le Président, votre parti existe depuis quatre ans, pourquoi avoir attendu si longtemps pour effectuer une

 « première sortie » qui n’en était même pas vraiment une d’ailleurs ?

 

 Vous savez, les débuts sont toujours modestes. Même Jésus Christ a commencé avec 12 apôtres seulement. Nous étions en quelque sorte dans le maquis et nous réfléchissions sur les maux dont souffre le pays et les moyens de les résoudre. Vous le savez bien, ils ne se comptent pas les problèmes qui forment un goulot d’étranglement pour notre pays.

 

 Rappelez-vous : vous avez juré de nous dire la vérité, rien que la vérité. Apparemment, votre « réflexion » sur les maux de la RDC est postérieure à la création de votre parti. N’aviez-vous pas plutôt mis la charrue avant le bœuf ?

 

Tous les chemins mènent à Rome. Le reste n’est que procès d’intention. Mon cher ami, pour être franc avec vous, selon les lois en vigueur en RDC, il est plus facile de créer un parti politique que de le faire fonctionner. « Changeons le Congo » existait bien sur le papier mais quant à être présent sur le terrain, je me suis rendu compte que c’est toute une autre histoire, ça.

 

 Pouvez-vous être plus explicite ?

 

 La procédure administrative est des plus faciles. D’abord vous vous trouvez un nom. En ce qui me concerne, « Changeons le Congo » a été piqué dans le discours de Nouvel An 2005d’un politicien bien connu. Quant aux Statuts, eh bien vous faites de même : comme lors d’un libre service, j’ai pris quelque chose par-ci, et une autre par-là. Tout le monde le fait et personne ne vous le reprochera. D’ailleurs, personne ne les lit, ces statuts-là. Est-ce tout ? J’en viens aux dirigeants du parti. Chacun a des amis d’enfance, ceux du quartier ou de l’université, morts ou vivants. Veuillez à l’équilibre régional et vous les mettez en annexe de votre dossier et hop, vous voilà avec un Directoire National !

 

 Qu’en est-il du siège social du parti ?

 

C’est simple : que vous mettiez votre propre adresse ou celle de vos parents, le tour est joué. Ils exigent aussi les Attestations de Bonne vie et mœurs. Dans ce pays où la densité d’escrocs au kilomètre carré doit être l’une des plus élevée, tout le monde, les prisonnier compris, dispose de ces attestations-là. Donc, c’est simple d’en faire faire dans une Bureautique. Vous achetez quelques fardes et vous vous présentez au Ministère de l’Intérieur où les fonctionnaires sont dans une telle disette, ce qui facilite les choses. Votre dossier sera numéroté et la signature du ministre interviendra en moins d’une semaine. Dès ce moment votre parti existe et vous voilà "bombardé" Président. Après tout cela, me direz-vous encore que tout ne marche pas en RDC ?

 

 Mais pourquoi être « Président » d’un parti dont les membres peinent à venir au point qu’à ce jour ils ne rempliraient même pas un bus de 60 places ?

 

 Pour au moins trois raisons. En RDC, il n y a rien de plus beau que d’être appelé « Président ». D’ailleurs, il me semble qu’où que vous alliez vous en trouverez. L’autre jour, un ami est venu me chercher à la sortie d’un service religieux. Il m’a hélé en criant « Président » ! Il a fallu voir combien de gens se sentaient concernés, les uns et les autres l’interrogeant « Moi ? », et cela s’explique. En RDC, beaucoup de gens sont présidents de quelque chose : président d’une mutuelle tribale, d’une association d’anciens élèves d’une école ou d’une université, d’une chorale religieuse, d’un fan club, voire d’un "Moziki", etc. Alors voyez-vous pourquoi je n’ai pas honte de me faire appeler Président, même d’un parti alimentaire ?

 

 … et la deuxième raison ?

 

Puisqu’il vaut mieux être Président d’un parti alimentaire que d’être un quidam dans un parti politique ayant pignon sur rue. Supposons que je veuille adhérer à l’UDPS où tous les postes importants et dignes de mon rang sont déjà occupés. Qu’y ferais-je ? J’y serais noyé, ignoré et inexistant, ce qui est inacceptable pour mon ego qui en souffrirait beaucoup. Dans cette hypothèse-là, serais-je invité avec les honneurs à Tata Raphaël comme je l’ai été le 24 avril dernier ?

 

 Faire partie d’un parti politique c’est moins une question d’idéologie que de simple positionnement ?

 

 Il y a toujours ce que les gens disent et ce qu’ils font. Suis-je l’inventeur de la "real politic" ? Et la troisième raison ? C’est… heu… lorsque le per diem est prévu. En tant que président j’irais le retirer personnellement. C’est plus rassurant quand l’on vit dans un pays où le détournement des deniers publics est un sport national. Ce n’est tout de même pas moi qui aie dit qu’ «on n’est jamais mieux servi que par soi-même».

 

 Avez-vous une autre raison pour vous délecter d’être « M. le Président » ?

 

Une seule en tout cas. C’est pour mon CV aussi. Vous savez, cela vous distingue du commun des mortels, cela vous donne de la visibilité. D’ailleurs, j’ai constaté qu’au Congo, de plus en plus le terme « Monsieur» tend à disparaitre dans le langage courant, pour se faire remplacer par « Chef». Ce n’est pas pour me déplaire. Au contraire.

 

 Dites-nous monsieur, pourquoi êtes-vous entré dans l’opposition ? A quoi êtes-vous opposé ?

 

Je suis touché et flatté par l’intérêt que vous manifestez à mon égard. Cependant, permettez que nous remettions à plus tard ce sujet-là. Présentement, j’ai un rendez-vous d’affaires. La politique ne fait pas toujours vivre son homme chez-nous. A moins qu’il y ait un enjeu qui compte pour le pouvoir. Dans pareil cas, vous êtes courtisé et au final, vous monnayez votre vote au prix fort. Et la vie continue.

 

 A bientôt monsieur le président !

 

 

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