Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
9 avril 2014 3 09 /04 /avril /2014 13:24

young-congolese-girl.jpg

Le développement croissant des technologies d’information et l’extension des réseaux sociaux posent un défi non seulement aux centaines de milliers de congolais détenteurs de diplômes universitaires mais aussi à des millions d’autres qui ne disposent que d’une forme ou une autre d’instruction. Il s’agit de saisir l’opportunité qu’offre cet attirail du modernisme pour en faire un outil d’expression.

Plutôt que de s’imaginer que le simple fait de disposer des diplômes ou d’avoir fréquenté telle institution d’enseignement célèbre nous qualifierait d’intellectuel, c’est en réalité notre capacité d’appliquer sur le terrain – en l’occurrence la RD Congo - notre savoir-faire pour comprendre, interpréter, proposer des solutions, analyser ou expliquer qui fera la différence. Bloguer est l’un des moyens d’y parvenir.

Tenir un blog c’est disposer d’une page personnelle sur internet, hébergée par un provider (WordPress, Blogger, Overblog, etc.) où l’on publie régulièrement des articles, des histoires, des photos, des dessins, etc. En bref on s’y exprime. D’une manière générale c’est gratuit et très convivial. Le public y a accès pour peu que vos articles l’intéressent, qu’il connaisse votre adresse et soit connecté. Aujourd’hui, l’engouement  sur le continent Noir est tel que les blogs se comptent par centaines de milliers.

Beaucoup de compatriotes bloguent aussi. Néanmoins, leur nombre est très insignifiant quand l’on pense au taux de congolais en mesure de le faire, aux qualifications de la plupart d’entre eux, ainsi qu’aux opportunités dont ils disposent et dont ils pourraient tirer parti.

Pourquoi bloguer est un défi pour beaucoup de Congolais. Si l’obtention d’un blog est de plus facile, pour un Congolais moyen cependant, bloguer pourrait ressembler ni plus ni moins qu’à un saut d’obstacles. Le premier défi est de disposer d’un ordinateur, très couteux (300$). Il faudrait ensuite une connexion internet  dans un pays où le taux d’accès à l’internet est d’environ 3%. La connaissance (même rudimentaire) de l’informatique n’est pas toujours répandue. Une fois que vous vous mettez à publier des articles, une autre difficulté vous attend au tournant : un lectorat réduit en raison de l’aversion du congolais pour la lecture ! blog.png

En comparaison, Facebook semble attirer plus de compatriotes. Mais bloguer c’est autre chose que d’aller sur Facebook. D’abord, reconnaissons que remplir une page blanche est toujours intimidant. Ensuite, suivant votre thème de prédilection, un blog peut être est demandeur : peut-être auriez-vous besoin d’effectuer quelque recherche  supplémentaire pour mieux étoffer votre sujet (résultat d’enquête, définition, des exemples, date, lieu précis, noms, etc.). Sur un blog, pas de place non plus pour le "langage sms" ou du genre Twitter. Non seulement il vous faut aligner des phrases, mais des arguments pourraient s’avérer nécessaires. La connaissance de la grammaire de votre langue d’expression n’est pas inutile non plus.

Des atouts du Congolais pour bloguer. Ne dramatisons rien : le congolais est connu pour  être " débrouillard " dont l‘esprit d’entreprise est une arme face à l’adversité. Pourquoi ne pas " se débrouiller " afin de parvenir à bloguer ? S’il n’est pas possible d’avoir un ordinateur propre, pourquoi ne pas fréquenter un cybercafé et y publier ses articles ? Si des difficultés de syntaxe se posent, il y a lieu de solliciter l’aide d’un voisin ou d’un enseignant du quartier. Pour avoir des lecteurs, pourquoi ne pas passer votre adresse à vos centaines "d’amis" sur Facebook ou même y publier aussi ?

Que dire des idées ? Le congolais est disert, il aime parler, relater des faits. Il est possible de coucher quelques idées sur un papier et de les corriger encore et encore. A force de vous relire, vous arriverez tout ou tard à un texte acceptable. De par votre formation ou vos aptitudes ou même votre localisation, vous pouvez traiter un thème qui vous plait et que vous maitrisez.

Un diplômé en agriculture pourrait s’intéresser à cet aspect-là et relater ou analyser, dans des articles courts, ce qu’il en est là où il habite et y ajouter quelques photos. Un habitant d’une cité quelconque peut écrire à propos de ce que font les gens pour vivre, ou de l’actualité. Un Congolais de l’étranger peut concevoir un journal où il parlera des faits liés à la vie des congolais dans son pays d’accueil, des difficultés d’insertion et comment certains les ont surmontées. Ce sont des créneaux à saisir et ils ne sont pas exhaustifs.

Des pièges à éviter. Fuyez la facilité qui consiste par exemple à " piquer " des idées chez certains sans en révéler la source. Gardez-vous de faire simplement du "copier/coller" : si vous trouvez un article intéressant, ajoutez-y votre point de vue, ne vous sous-estimez pas car quel qu’il soit, il émane de vous et c’est important.

imagesCAUCXNUQ.jpg 

D’autres pièges consistent à traiter d’un sujet que vous ne maitrisez pas, comme beaucoup le font avec les sujets politiques. Evitez aussi de vous faire une tribune où vous vous en prendrez aux autres (à d’autres tribus ou rivaux politiques) à travers les insultes. La dignité humaine doit être respectée, qu’il s’agisse d’un balayeur de rue ou d’un chef d’Etat. Celui qui recourt aux insultes, comme malheureusement c’est "la règle" sur la blogosphère ou des forums congolais, s’avilit et seuls ceux qui lui ressemblent lui donneront du crédit. Répandre des rumeurs n’est pas non plus à encourager.

De manière brève, un article bien conçu s’efforce de répondre à ces questions essentielles : Qui ? Quoi ? Comment ? Où ? Pourquoi ? Tout en le rédigeant, donnez-vous pour obligation d’y répondre et de vous en tenir qu’aux faits, sans y " ajouter du piment ", c’est-à-dire des contre-vérités.

Bloguer, une façon intellectuelle de s’exprimer. Nous conviendrons tous qu’il est beaucoup plus facile de parler qu’il ne l’est d’écrire. Tout le monde peut parler mais tous ne peuvent écrire. En parlant, on ne fournit pas beaucoup d’effort sur l’agencement des idées ni suffisamment d’attention sur la syntaxe. Or un bloggeur écrit. En écrivant, vous veillez aux détails : la grammaire, la véracité des faits, les dates, l’argumentaire, conscient que nombreux vous liront probablement car votre souci est de faire bonne impression. Et puisque vous avez bénéficiez d’une instruction, ce dont il est question sur votre blog ne pourra qu’être utile à la communauté.

Quoiqu’il en soit, rappelez-vous du dicton " c’est en forgeant qu’on devient forgeron ". Quoique difficile et ardue au début, la tâche de bloguer deviendra facile avec le temps et l’habitude. Au fil de temps, vous aurez de la maitrise de vos sujets et les internautes visiteront votre page régulièrement. Avec le temps et grâce à votre opiniâtreté, votre touche personnelle finira par être reconnue. Alors, plutôt que de brandir des diplômes, vous pourriez dire : " je blogue, donc je suis ! " 

Partager cet article
Repost0