De mémoire d’homme, partout dans le monde où les ressortissants Congolais ont été victimes d’abus (Angola, Lybie, France, Belgique, Afrique du Sud, etc.), le gouvernement congolais – lequel a pourtant compté dans ses rangs un Vice-ministre chargé des Congolais de l’Etranger – a toujours fait profil bas, et brillé par son silence, se dérobant ainsi de ses responsabilités constitutionnelles lesquelles consistent à "défendre et protéger ses compatriotes" peu importe où qu’ils vivent. Encore et encore, des émigrés Congolais ont été abandonnés à leur triste sort comme s’ils étaient devenus "des ennemis de la République", ou simplement comme quantité négligeable.
La diaspora congolaise, partenaire du gouvernement dans la stabilité nationale. Ce serait une erreur de méconnaitre le rôle que joue la diaspora congolaise dans la stabilité et cohésion nationales en RD Congo. En effet, ce sont les réguliers transferts d’argent des Congolais de l’étranger qui soutiennent à bout de bras les parents restés au pays, leur permettant de nouer tant bien que mal les deux bouts du mois, tant la pauvreté et le chômage sont criants et répandus. Même en dehors des statistiques officielles, il saute aux yeux que c’est une minorité de nos compatriotes qui ont le privilège d’avoir un "vrai travail", tandis que la grande majorité, au mieux "se débrouille".
Il ne nous est pas possible de chiffrer le montant global des fonds qui proviennent des parents disséminés à travers l’Europe, l’Amérique, Afrique australe et celle de l’Est, voire en Australie ou Nouvelle-Zélande destines aux membres de famille vivant au pays. Il n’empêche, une chose est cependant sûre : sans ce "dépannage", il est à parier que les souffrances des populations seraient immenses. Le mécontentement aussi, d’ailleurs. En toute logique, il en découlerait des troubles sociaux. Et le gouvernement serait perdant au bout du compte.
L’exemple Nigérian. L’incident diplomatique de 6 mars 2012 entre le Nigeria et l’Afrique du Sud nous a révélé au grand jour bien des choses sur le rôle de la diplomatie pour contrer des "comportements xénophobes" en Afrique du Sud. En effet, lorsque 125 Nigérians provenant de leur pays furent expulsés à leur arrivée à l’aéroport O R Tambo de Johannesburg par les autorités d’immigration au motif d’avoir présenté "des fausses cartes de vaccination contre la fièvre jaune", leur gouvernement ne s’est pas tu. Au contraire.
Bravant la langue de bois tant prisée par les diplomates, le ministre Nigérian des Affaires étrangères annonça immédiatement les couleurs, déclarant que "cet acte n’était ni plus ni moins qu’un acte de xénophobie à l’égard des Nigérians". Mais son gouvernement ne s’arrêta pas là. Dans la foulée, 67 femmes sud-africaines furent expulsées à leur tour sous le pretexte qu'elles "etaient seropositives" ! Ce n’était pas tout : d’autres mesures de rétorsion envers les entreprises sud-africaines installées au Nigeria étaient en vue. Même la société civile s’y mêla car sur Facebook et Twitter un bruit se propagea, encourageant les clients de la chaine câblée sud-africaine Supersports de ne plus s’y abonner ! Rappelons que le Nigeria représente un marché de plus de 60 millions de potentiels clients.
Du coup, fait sans précédent, l’embarras de Pretoria était perceptible. Au nom du gouvernement sud-africain, le Vice-ministre des Relations extérieures, présenta ses "excuses publiques" au Nigeria (elles furent acceptées) et promit de se rendre aussitôt à Abuja, ce qu’il fit les jours qui suivirent. Pour leur part, les 125 nigérians expulsés refirent le chemin de Johannesburg. Et l’incident fut clos. Un service de Vaccination contre la fièvre jaune fut installé à l’aéroport de Johannesburg au cas où …
Question : que ce serait-il passé si le gouvernement nigérian avait fait profil bas et s’était plongé dans son mutisme ? Nulle besoin d’un dessin pour comprendre la suite : une fois expulsés, les 125 nigérians resteraient chez-eux et tout le monde oublierait l’incident, comme si de rien n’était.
Si vous vous trouvez hors du pays, il n y a rien de plus sécurisant de savoir qu’en cas de difficulté administrative ou autre, votre ambassade installée dans votre pays d’accueil viendrait au secours. Aujourd’hui, quand ils sont inquiétés dans la "nation arc en ciel" que ce soit par la Police ou les foules xénophobes, les membres de la Diaspora congolaises ne savent à quel saint se vouer. Aucun écho ne provient de l’avenue Schumann à Pretoria, où se trouve notre ambassade. Certes, il est des fois que les ONG de défense des Droits humains de Johannesburg interviennent pour sauver les meubles, mais avouons que leur poids est souvent mince.
Tant que notre ambassade fera que profil bas, face aux abus, nos compatriotes n’auront que leurs yeux pour pleurer. (A suivre : la conclusion)
commenter cet article …