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2 mars 2014 7 02 /03 /mars /2014 07:01

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De mémoire d’homme, partout dans le monde où les ressortissants Congolais ont été victimes d’abus (Angola, Lybie, France, Belgique, Afrique du Sud, etc.), le gouvernement congolais – lequel a pourtant compté dans ses rangs un Vice-ministre chargé des Congolais de l’Etranger – a toujours fait profil bas, et brillé par son silence, se dérobant ainsi de ses responsabilités constitutionnelles lesquelles consistent à "défendre et protéger ses compatriotes" peu importe où qu’ils vivent. Encore et encore, des émigrés Congolais ont été abandonnés à leur triste sort comme s’ils étaient devenus "des ennemis de la République", ou simplement comme quantité négligeable.

 

 

La diaspora congolaise, partenaire du gouvernement dans la stabilité nationale. Ce serait une erreur de méconnaitre le rôle que joue la diaspora congolaise dans la stabilité et cohésion nationales en RD Congo. En effet, ce sont les réguliers transferts d’argent des Congolais de l’étranger qui soutiennent à bout de bras les parents restés au pays, leur permettant de nouer tant bien que mal les deux bouts du mois, tant la pauvreté et le chômage sont criants et répandus. Même en dehors des statistiques officielles, il saute aux yeux que c’est une minorité de nos compatriotes qui ont le privilège d’avoir un "vrai travail", tandis que la grande majorité, au mieux "se débrouille".

 

 

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Il ne nous est pas possible de chiffrer le montant global des fonds qui proviennent des parents disséminés à travers l’Europe, l’Amérique, Afrique australe et celle de l’Est, voire en Australie ou Nouvelle-Zélande destines aux membres de famille vivant au pays. Il n’empêche, une chose est cependant sûre : sans ce "dépannage", il est à parier que les souffrances des populations seraient immenses. Le mécontentement aussi, d’ailleurs. En toute logique, il en découlerait des troubles sociaux. Et le gouvernement serait perdant au bout du compte.

 

 

L’exemple Nigérian. L’incident diplomatique de 6 mars 2012 entre le Nigeria et l’Afrique du Sud nous a révélé au grand jour bien des choses sur le rôle de la diplomatie pour contrer des "comportements xénophobes" en Afrique du Sud. En effet, lorsque 125 Nigérians provenant de leur pays furent expulsés à leur arrivée à l’aéroport O R Tambo de Johannesburg par les autorités d’immigration au motif d’avoir présenté "des fausses cartes de vaccination contre la fièvre jaune", leur gouvernement ne s’est pas tu. Au contraire.

 

 

Bravant la langue de bois tant prisée par les diplomates, le ministre Nigérian des Affaires étrangères annonça immédiatement les couleurs, déclarant que "cet acte n’était ni plus ni moins qu’un acte de xénophobie à l’égard des Nigérians". Mais son gouvernement ne s’arrêta pas là. Dans la foulée, 67 femmes sud-africaines furent expulsées à leur tour sous le pretexte qu'elles "etaient seropositives" ! Ce n’était pas tout : d’autres mesures de rétorsion envers les entreprises sud-africaines installées au Nigeria étaient en vue.  Même la société civile s’y mêla car sur Facebook et Twitter un bruit se propagea, encourageant les clients de la chaine câblée sud-africaine Supersports de ne plus s’y abonner ! Rappelons que le Nigeria représente un marché de plus de 60 millions de potentiels clients.

 

 

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Du coup, fait sans précédent, l’embarras de Pretoria était perceptible. Au nom du gouvernement sud-africain, le Vice-ministre des Relations extérieures, présenta ses "excuses publiques" au Nigeria (elles furent acceptées) et promit de se rendre aussitôt à Abuja, ce qu’il fit les jours qui suivirent. Pour leur part, les 125 nigérians expulsés refirent le chemin de Johannesburg. Et l’incident fut clos. Un service de Vaccination contre la fièvre jaune fut installé à l’aéroport de Johannesburg au cas où …

 

 

Question : que ce serait-il passé si le gouvernement nigérian avait fait profil bas et s’était plongé dans son mutisme ? Nulle besoin d’un dessin pour comprendre la suite : une fois expulsés, les 125 nigérians resteraient chez-eux et tout le monde oublierait l’incident, comme si de rien n’était.

 

 

Si vous vous trouvez hors du pays, il n y a rien de plus sécurisant de savoir qu’en cas de difficulté administrative ou autre, votre ambassade installée dans votre pays d’accueil viendrait au secours. Aujourd’hui, quand ils sont inquiétés dans la "nation arc en ciel" que ce soit par la Police ou les foules xénophobes, les membres de la Diaspora congolaises ne savent à quel saint se vouer. Aucun écho ne provient de l’avenue Schumann à Pretoria, où se trouve notre ambassade. Certes, il est des fois que les ONG de défense des Droits humains de Johannesburg interviennent pour sauver les meubles, mais avouons que leur poids est souvent mince.

 

 

Tant que notre ambassade fera que profil bas, face aux abus, nos compatriotes n’auront que leurs yeux pour pleurer. (A suivre : la conclusion)

 

 

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17 février 2014 1 17 /02 /février /2014 06:14

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Bien que cela apparaisse à première vue un brin provocateur, (le sujet n’a jamais été abordé), nous pensons que les émigrés africains [notre étude s’intéressera au cas spécifique de nos compatriotes congolais], ne sont pas exempts de reproches quant à la persistance de la xénophobie en Afrique du Sud, fusse-t-il à titre implicite. Nous avions eu à aborder dans la première partie de cette série d’articles tour à tour les causes exogènes et endogènes de la xénophobie dans la "Nation arc en ciel". Nous en venons à présent à la part des émigrés africains eux-mêmes. Voici la première.

 

 

 

 

Le poids économique des émigrés congolais n’est pas connu.  Dans le monde matérialiste qui est le nôtre, la valeur d’une personne – et par-delà d’une communauté – ne se mesure que de par ce qu’il représente économiquement. En guise d’exemple, prenons le cas des Blancs sud-africains. Peu nombreux soient-ils, ce n’est pas un secret de polichinelle de savoir que ce sont eux qui sont aux commandes de l’économie. Par conséquent, ils sont considérés et respectés.  

 

 

S’il n’est pas aisé de déterminer le chiffre exact de la colonie congolaise au pays de Mandela (sans doute se chiffre à quelques centaines de milliers), une chose est cependant sûre : de par le nombre de ses membres actifs sur le marché  de l’emploi local et de ses effets d’entrainement, c’est une valeur sûre, à ne pas négliger. Voyons comment.

 

 

 

Tous ces milliers de personnes sont consommatrices des produits vendus dans les grandes surfaces ou ailleurs, ils sont usagers de transport public et privé, utilisent les téléphones portables ou fixes. Presque tous sont locataires et paient souvent des prix prohibitifs [environ 200$ par chambre de 4mx5m]. N’oublions pas qu’en tant qu’employés, ils paient des taxes au Trésor public sud-africain. Qui oserait nier l’impact économique de cette colonie sur le marché local?

 

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Mais une chose est d’avoir un quelconque poids économique, une autre est de le faire savoir. C’est là que se trouve le problème. A ce jour, aucune évaluation chiffrée et détaillée de leur apport économique n’a été effectuée. Ce qui ne peut que leur être préjudiciable, et a tôt fait de les amener à être perçus à tort comme quantité négligeable, ou – osons le mot – "des profiteurs".

 

 

 

L’importance d’une pareille étude c’est de faire valoir ce qu’apportent les congolais à l’économie nationale et par

conséquent – comme dans le cas des Blancs sud-africains – les autorités y penseraient deux fois avant de chercher à se débarrasser d’un tel apport financier. Qu’arrive le jour où les membres de la communauté sont inquiétés par la Police ou par d’autres personnes, les autorités politiques, bien au fait de leur impact sur l’économie locale, viendraient elles même au secours. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, malheureusement.

 

 

 

Défis à relever ? Que pareille étude soit longue et difficile ne devrait effrayer ni décourager les uns et les autres. Personne ne le ferait à leur place. Après tout, ce ne sont pas les atouts intellectuels qui manquent au sein de la diaspora congolaise en Afrique du Sud : il y a des professeurs d’université, des chercheurs en sciences sociales, des médecins, des avocats, des membres des ONG, des étudiants, des journalistes, des politiciens, etc. Avouons que cela n’est pas peu. En plus, il est possible de trouver des financements sur place pour diligenter une telle recherche.

 

 

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Appelez cela responsabilité par omission ou négligence, mais c’est quand même une responsabilité de la communauté congolaise installée en Afrique du Sud. Aussi, tant que ce déficit de prise de conscience fera défaut et que beaucoup seraient empêtrés dans des querelles de chapelles politiques ; tant qu’ils exporteront dans leur pays hôte les controverses qui les divisent au pays et que chacun se préoccupera davantage de son confort personnel et celui de sa propre famille, la communauté congolaise restera toujours la cible des xénophobes les plus virulents sans que personne d’autre ne lève la main pour lui venir en aide. (A suivre : Une diplomatie complexée)

 

 

 

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26 décembre 2013 4 26 /12 /décembre /2013 06:17

 

 

 

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Les causes internes de la xénophobie au pays de Mandela sont à quatre. Dans le premier article de la série, nous en avions examinées deux. A présent, nous en verrons les dernières.    

 

 

Les jeunes Noirs, produits d’une Histoire violente. A l’opposé de beaucoup de pays africains dont la lutte pour l’indépendance mettait face-à-face deux armées, la gouvernementale et celle du mouvement nationaliste, la lutte de libération sud-africaine était un véritable mouvement d’insurrection dont le front de combat était situé sur tout le territoire national. Cette lutte a donné lieu à un combat à-corps-à-corps au cours duquel même les élèves du primaire ont pris part et payé un lourd tribut. Les massacres de Soweto ou de Sharpeville (1976) nous le rappellent.

 

 

La plupart de ces jeunes d’aujourd’hui ont été élevé par des parents qui ont de leur temps bravé et fait courber l’échine à la brutale armée du régime raciste Blanc de l’époque de l’Apartheid. Cela n’est pas sans laisser des traces indélébiles : contrairement à l’attitude craintive de beaucoup d’africains, les jeunes sud-africains ne sont guère intimidés par la Police.

 

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Par ailleurs, les townships où vivent la plupart de Noirs sont des viviers de violence, de criminalité et de toxicomanie. C’est un environnement où nombre de conflits se résolvent dans le sang. Quand deux jeunes sud-africains se disputent, au lieu d’entendre l’un menacer son vis-à-vis par des propos du genre " je vais te frapper" comme cela est le cas partout ailleurs, on entend plutôt l’un dire à l’autre " I will shoot you " [je vais t’abattre] ! Mis ensemble, ces éléments constituent un cocktail explosif qui s’est traduit lors des troubles liés à la xénophobie par un degré de violence extrême : maisons incendiées, même des enfants des immigrés battus à mort, de personnes brulés vives.

 

 

L’immigration en Afrique du Sud est un phénomène récent.  C’est l’instauration d’un régime démocratique en 1994 avec l’arrivée au pouvoir de l’ancien leader antiapartheid Nelson Mandela qui donna un coup d’accélérateur aux flux migratoires à destination de l’’Afrique du Sud. Sur un continent où la mauvaise gouvernance est la règle et le déni des libertés publiques une coutume largement répandue, la " nation arc-en-ciel" se situe aux antipodes et apparait à la fois comme une exception et un ilot de prospérité. Aussi l’aspiration légitime des peuples à la liberté et au bien-être y a drainé beaucoup de  ressortissants africains. Aujourd’hui, les mégapoles locales telles Johannesburg et Cape Town sont des "melting pot" où se côtoient chaque jour des dizaines de nationalités : chinois, arabes, malgaches, européens, australiens, Ethiopiens, subsahariens, sans compter les sud-africains eux-mêmes.

 

 

Un pays face à ses propres défis. Il n’empêche, une chose est d’immigrer, une autre de s’intégrer dans le pays hôte. Cependant, deux facteurs semblent ralentir ce processus. D’abord, l’Afrique du Sud, quoique présentée à l’extérieur comme une société " multiraciale et multiculturelle ", n’a pas encore évacué son propre contentieux issu du passé et qui, il n y a pas longtemps encore, produisit d’énormes frictions entre communautés raciales.

 

 

Certes, beaucoup a été fait depuis 1994  pour diminuer les frustrations endurées par les Noirs au cours de la période d’apartheid, avec l’instauration de la BEE (Black Empower Entreprise en sigle), la politique de dynamisation des cadres Noirs, laquelle concourut à la création de toutes pièces d’une classe moyenne Noire . Mais il faut reconnaitre qu’il reste beaucoup à faire, les membres des différentes races se regardent en chien de faïence et vivent cloisonnés. Comme en 1994, les Blancs votent pour l’opposition et la majorité des Noirs préfèrent l’ANC. Comme vingt ans plus tôt, Les Blancs et les "Boers Noirs" vivent dans des quartiers chics alors que la plupart de citoyens Noirs eux,  habitent les sites insalubres, à défaut des townships. Plus des 25% de la population active est au chômage et, bien sûr, les Noirs forment le gros de ces sans-emplois.  

 

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Intégration difficile des immigrés congolais. Si le premier obstacle à l’intégration est à situer dans l’histoire troublée du pays, le deuxième, lui, est le fait des immigrés eux-mêmes. Comment les immigres pourront-ils s’intégrer en si peu de temps, eux qui ne sont tant divisés entre eux ? Avant de porter la critique chez le voisin, dit-on, il vaut mieux commencer par balayer devant sa propre porte. Ce ne sont pas les exemples qui manquent en ce domaine.

 

 

Depuis plusieurs années, par exemple, beaucoup de communautes africaines installees en Afrique du Sud sont organisées. Ceux du Congo Brazzaville de Cape Town, par exemple, sont organisés en une association dont les membres cotisent mensuellement une somme dérisoire d’environ R20 et R40. Ce montant peut aider, disent certains qui ont été interrogés, "afin de nous donner les moyens d’intervenir au cas où l’un d’entre nous serait dans des pétrins (immigration, maladie ou autre) afin de louer les services d’un avocat local par exemple".

 http://a404.idata.over-blog.com/0/52/28/82/2011-PART-1/FROM-16.05.2011/CHEIKFITANEWS-TSHISEKEDI-JOBOURG.jpg

 

Rien de pareil n’existe parmi les congolais "d’en face". Il y a peu, un immigré  rd congolais nous déclarait que reconnaissait que "la plupart de cas d’escroquerie dont sont victimes nos concitoyens sont le fait d’autres congolais".

 

 

Qu’en est-il de l’entraide inévitable entre immigrés ? À cause de nombreux abus dans le passé, une loi non écrite est en vigueur au sein de la communauté notre communauté : " Badefisaka congolais mbongo na Afrique du sud te !" (Traduction : il vaut mieux ne pas prêter de l’argent à un congolais d’Afrique du sud) puisque, ajoute un compatriote lésée plusieurs fois, " il ne vous le rendra pas à temps au mieux, et au pire ne vous le rendra même pas" !

 

 

 

Issus des différentes ethnies dont certaines se haïssent à ce jour, d’autres se sont fait la guerre, appartenant ou sympathisants à des formations politiques opposées dont le litige non réglé des élections présidentielles de novembre 2011 a accru le gouffre et la méfiance, venant d’un pays où les antivaleurs ont remplacé les normes d’éthique, les émigrés rd congolais éprouvent tant de mal à parler d’une seule voix.

 

 

Dès lors, on aurait tort de minimiser tout déficit d’intégration, quelle qu’en soit la raison. Lorsque les émeutes des banlieues ont éclaté à Paris (2005) et à Londres (2011), leurs auteurs, ces jeunes des banlieues victimes de la précarité, ne s’en sont pas pris aux immigrés vivant dans leur pays, quoique confrontés – toute chose restant égale par ailleurs – aux mêmes défis que les jeunes sud-africains. Au contraire, leur colère fut dirigée contre les symboles du système qui les "opprimait" (la police, les bâtiments publics, etc.).  La différence réside dans le fait que nombre de ces jeunes chômeurs européens sont eux-mêmes des descendants des générations d’immigrés et de ce fait, intégrés au sein de leur nation. En Afrique du sud par contre, l’immigration n’y est qu’un phénomène récent.

 http://www.ouest-france.fr/sites/default/files/styles/image-article-detail/public/2013/09/26/un-mort-dans-les-emeutes-londres_2.jpg

 

Ces facteurs endogènes, auxquels s’ajoutent les conditions sociales précaires des Noirs, lesquelles sont perçus par ceux-ci comme une injustice, n’expliquent pas à eux seuls l’apparition, l’ampleur et la persistance de la xénophobie au pays de Mandela la communauté immigrée qui y vit, quoique de façon implicite, a sa part de responsabilité. Cela fera l’objet de la deuxième partie de cet article.

 

 

 

"Afrique du Sud: Regard au cœur de la xénophobie", paru le 17/12/2013 sur ce blog.

“Boers Noirs”: qualification ironique des Noirs ayant accédé au statut social élevé et qui mènent la vie des Boers, anciens colonialistes, aux dires de certains.

 

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